Les médias burundais ne sont pas généralement présents
sur facebook et twitter. Cela ne manque pas de conséquences.
Jean Patrick Ngendakumana, un Burundais établi en Afrique du sud, regrette
la faible présence des entreprises burundaises d’Information et de la Communication
sur les réseaux sociaux :
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Ngendakumana Jean Patrick |
« Un jour, j'ai fait un
constat de la faiblesse participation des medias burundais sur les réseaux
sociaux sur ma page Facebook.
Ca faisait un bout de temps que je faisais cette analyse, qui a été, malheureusement,
déclenchée par une compagnie téléphonique burundaise. Ladite compagnie avait
commis une gaffe de répondre a un tweet d'un de leur clients après trois mois.
A partir de ce constat, j'ai du suivre la participation des medias burundais
sur les réseaux sociaux. Ce fut une réalité amère, difficile a avalé, la
participation est très faible.
Je me suis demandé plusieurs fois la cause de cette faible participation. Ici
je relève quelques points:
1) Il y a manque d’une politique efficace de PR (Public Relations) de ces
medias envers leurs lecteurs (lectrices) ou bien leurs auditeurs (auditrices).
Certains medias veulent seulement être écoutés a tout prix, mais ne veulent pas
écouter les opinions publiques ou bien ne le considèrent pas.
2) Certains de nos journalistes y jouent aussi un rôle négatif. Dans
cette ère des réseaux sociaux, nous le peuple, jouons aussi le rôle des
journalistes et des reporters d'une manière indirecte!
Nos yeux contribuent beaucoup aux oreilles et aux yeux des journalistes.
Donc, en un mot, un journaliste qui n'est pas actif sur les réseaux sociaux, ne
saura jamais ce qui se passe sur les rues de Twitterville (sur Twitter) par
exemple. Il faudra une éducation à nos chers journalistes.
3) Peut être aussi le cout de l'internet y joue un facteur, mais cela peut être
surmonté si les medias travaillent main en main avec les compagnies téléphoniques
pour avoir Twitter par SMS comme on le fait au Kenya. Tout est possible.
Comme moi qui vit a l'étranger, comment participer a une émission préférée chez
une telle radio si mes datas sont de 20MB? Ca serait plus facile pour moi de
suivre l'émission sur Twitter, et de donner mon opinion.
4) Et en dernier, malgré tous ces problèmes et ces 'challenge', certains medias
comme Iwacu essaient de plus en plus d'être visibles, félicitations. Il faut
fournir plus d'efforts comme ils l'ont fait l'année passée lorsque nous
#Abatweep (abarundi kuri Twitter) avions consacre une journée sur #Imigani.
Courage à nos medias, la balle est entre leurs mains, on les supportera.
P.S: Ajourd'hui, la Présidence Burundaise (@BdiPresidence)a twitte 5 fois apres
avoir été absent pendant une longue période! Félicitation ».
Jean-Régis Nduwimana,
enseignant en communication à l’Université du Lac Tanganyika et à l’Université Lumière
de Bujumbura nous livre son analyse :
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Jean Régis Nduwimana |
1. Je pense que
nos medias ne savent pas l’importance des réseaux sociaux. Et avec raison car,
ils disent que la grande masse de l'audience se trouve ailleurs mais pas sur
fcbk et encore sur twitter (combien de burundais sont-ils sur twitter?) L'audience
est très basse en termes de quantité... Un autre exemple frappant, c'est le cas
de la TV Renaissance, voir même la TV nationale. Jusqu'à present je ne
comprends pas pourquoi nos TV n’ont pas de pages YOUTUBE. C'est grâce à Teddy
et un certain Jimmy que nous recevons des vidéos. Or chacune des émissions
devrait avoir une page youtube...NAKAMARAMAZA.
2. Ils ne
savent pas les utiliser. Y a aucun
journaliste formé sur l'usage des réseaux sociaux même chez IWACU. Par
comparaison, je trouve la page de M23 mieux construite et gérée plus que celle
d'IWACU. Why? Chez M23 ils savent bien que fcbk est le seul et plus important
canal d'information. Alors ils ont une rédaction qui se consacre à leurs
réseaux sociaux. Et les médias du monde apprennent les activités du mouvement à
partir de là.
3. Il n’y a pas
de compétition entre les médias. Exemple :
la RPA est sûre et certaine que l'auditeur écoutera le journal parlé de midi
tandis que l'internaute suivra sur le site. C'est le même cas pour ISANGANIRO
et BONESHA. Alors les réseaux sociaux ne s'érigent pas en canal privilégié
d'info. Le maximum de moyens et ressources est réservé aux médias
traditionnels.
Fabien Cishahayo, qui enseigne la Communication à l’Université
de Montréal, abonde aussi dans le même sens :
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Fabien Cishahayo |
Je pense qu’ils ne voient pas l'intérêt que cela représente pour augmenter
leur lectorat ou le nombre de leurs auditeurs/téléspectateurs. Par ailleurs,
étant donné que les financements de ces médias sont très peu liés à la pub, ils
ne voient aucun intérêt à rejoindre le plus de monde possible. L’innovation sur
ce terrain est donc minimale.
La dépendance par rapport aux
financements étrangers est à terme un boulet pour nos médias. Mais l'assiette
publicitaire est aussi limitée en raison du pouvoir d'achat de nos populations.
il faut continuer à imaginer d'autres sources et modalités de financement.
La présence sur les réseaux
sociaux peut d'abord augmenter la visibilité. Les recettes viendront quand l’audience
aura augmenté. Les médias vendent d'abord un lectorat ou une audience aux
annonceurs publicitaires avant de vendre leur produit médiatique au sens strict
du terme. Les recettes des ventes du produit médiatique sont généralement
insignifiantes par rapport aux recettes publicitaires. Mais cela comporte aussi
un autre risque : la complaisance et la connivence avec les annonceurs,
certains silences sur des dossiers dont les médias devraient parler, mais
qu'ils hésitent à couvrir pour éviter de perdre leurs recettes - on ne mort pas
la main qui nous nourrit- mais cela doit avoir été prévu, j'imagine, dans la
définition de la ligne éditoriale du journal.
Pamela Kāzékare,
journaliste belgo-burundaise, a aussi un avis sur le sujet :
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Pamela Kazekare |
Il faut une réelle
implication de la part d'un média pour exister sur les réseaux sociaux. J'ai
moi même participé à la première cellule "réseaux sociaux de ma tv en tant
que Community Manager. Nous étions 4 à suivre, poster, chercher de nouveaux
amis, ... Nous étions équipés de tablettes et smartphones connectés en
permanence, car c'est un travail presque à temps plein, en tout cas il faut s'y
consacrer au moins 5 minutes par heure en moyenne, mais souvent des heures en
fonction de l'actualité. Il ne s'agit pas seulement de poster un article sur
Facebook et Twitter, il faut suivre les échanges, répondre aux questions,
trouver écho auprès des pairs, par là j’entends les personnes intéressées par
le sujet pour qu'ils s'expriment et partagent, ... Actuellement, la page
Facebook de notre tv est à 4383 fans, ça reste dérisoire pour une couverture de
83 000 foyers, surtout quand on sait que plus de 90% des ménages ici sont
connectés au net. J’admets que ce n'est pas le buzz intégrale. De ce que j'en
ai appris au bout d'une année que les pages fonctionnent, nous avons plus de
followers quand il s'agit d'un sujet qui attire du monde, genre le carnaval,
les grands festivals, ou alors lors de catastrophes telles que l'incendie dans
une usine, la fermeture d'une industrie, ...
Quid des média burundais pour
les lecteurs locaux: tout d'abord, la couverture Internet reste assez petite,
n'urusato rw'imbaragasa, et ceux qui savent y accéder ont accès à l'info
souvent par d'autres sources. Sur facebook, ça sera par simple plaisir de la
commenter, la partager avec ceux qui sont loin. Les réseaux sociaux des média
burundais s'adressent à mon constat, plus à la diaspora et aux amis du Burundi
à l'étranger et ... francophones. A l'heure où le pays et la sous-région
implantent l'Internet accessible à tous, ces média gagneraient plus à
chouchouter le lecteur au Burundi et dans la région, en publiant plus en
Kirundi, swahili et Anglais, avec des sujets plus variés pour attirer plus de
suiveurs.
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Alain Horutanga |
En parlant du
peu d'intérêt des réseaux sociaux par les médias burundais, je pense que c'est
en premier lieu une question liée à la nature même des médias. Quand on a, par
exemple, Iwacu très actifs sur facebook et twitter, c'est dans la continuité.
Si je parle de continuité pour Iwacu c'est parce qu'il nous fourni des informations
sur papier avec son hebdomadaire et en toute logique l'internet en profite.
C’est comme du papier, l’internet. C’est la continuité dans l’écrit. Toutes les
informations récoltées les sont par écrit ou du moins retranscrit! Pour ce qui
est de la RTNB, par exemple, les articles en rapport avec les informations
livrées la veille ne se retrouvent pratiquement pas sur leur site au pire,
retrouver sur internet leurs reportages c’est quasiment impossible. Comment
peut-on suivre un tel media sur un réseau social au jour le jour? Même si elle
était sur un réseau rien ne boostera l’audience. Un article pour toutes les
deux semaines ? Travailleurs de ce media privilégient le son ou l’image pour la
télé (mission première) et cela ne peut inciter les utilisateurs Burundais de
facebook à la suivre. Que chercheraient-ils quand il faudrait attendre voir
l‘information à la télé ou l’entendre à la radio? Plus on fournit, plus on
attire. À part cela, il faudrait qu'ils fassent aussi une sorte de pub à chaque
fois rappeler leurs pages, leurs comptes comme on le voit pour les grandes
chaines internationales et même pour leurs émissions. Aujourd’hui chez certains
medias internationaux les auditeurs ou les téléspectateurs participent dans les
émissions à travers facebook ou twitter réagissant sur un sujet ou participer à
un débat. Les Aujourd'hui il y a une bataille des media chacun veut avoir le
scoop, être premier à diffuser une info mais ça passe par là (Les réseaux
sociaux). Peut-être que cela changera, il suffit de regarder France 24 ou
suivre RFI et comprendre.