vendredi 28 mars 2014

L’option sénégalaise contre le troisième mandat ?




Le troisième mandat que le président Pierre Nkurunziza veut briguer en 2015 en violation de la Constitution sème des troubles. Cette volonté de s'accrocher au pouvoir est devenu le synthome d'un autoritarisme rampant. Un diplomate a dit récemment au très sérieux journal anglais The Economist que le pouvoir de Bujumbura a transformé le Burundi en un « hybride de l’autoritarisme politique rwandais et du désastre économique congolais ». Cela amène l’opposition à se demander comment se comporter face à cette situation. Faut-il continuer à dépenser les énergies en dénonçant  ce troisième mandat du président ou alors se préparer à le mettre à la porte par le vote, comme le firent les Sénégalais a l’endroit du vieux Abdoulaye Wade en 2012 ?   Un lecteur, Jean-Claude Gatete, analyse la difficulté de l’option sénégalaise au Burundi :

« L’opposition burundaise devrait commencer à se préparer pour 2015 comme si la candidature du Président Nkurunziza était déjà actée. Mais pour cela, il faut un leader naturel de cette opposition qui peine visiblement à se rassembler autour d'un même projet. Le pouvoir ne se trompe pas, j'ai comme impression qu'il a plus peur de la société civile que de l'opposition, à mon avis, pour une raison simple: La société civile, contrairement à l'opposition extra-parlementaire s'est trouvée depuis des années un leader naturel et charismatique en la personne de Pacifique Nininahazwe. C'est pour cela que le même Ministre de l'Intérieur ne cesse de s'attaquer beaucoup plus à lui qu'aux leaders de l'opposition. Pour que celle-ci s'inspire du Sénégal donc, il lui faudra trouver ce leader qui lui manque, un leader capable de prendre des coups et de les encaisser, un leader aux épaules suffisamment larges pour supporter le lourd poids d'être le challenger d'un Président qui n'aura rien ménagé pour se présenter à un mandat qui lui est interdit! »


Jean Claude Gatete a vu juste. Mais puisqu’on parle du Sénégal, il faut se souvenir que, avant d’être le "leader naturel" de l'opposition, Macky Sall était le bras droit du vieux Abdoulaye Wade. Il a été son premier ministre. Il a été le président d'une Assemblée nationale majoritairement wadiste. Suite aux désaccords avec Wade, il décide en 2008 de quitter le Parti Démocratique Sénégalais pour créer un autre parti, l'Alliance de la République. Pour  dire que le changement sénégalais est venu de la transformation des rapports de force a l’intérieur du "Système', comme on dit. 

Le changement au Burundi peut donc venir d’une opposition bien organisée, comme  le souligne Gatete en haut, mais aussi il peut venir de la transformation des rapports de force à l’intérieur du système DD. Maintenant, ce sont les « Généraux » qui mènent la danse. Mais il y a aussi dans le parti au pouvoir une masse d’intellectuels frustrés, les civils, ceux qui ne sont pas écoutés puisqu’ils n’ont pas pris les armes. C’est de ceux la aussi que viendra le changement, le jour où ils en auront marre d’être des « DD de seconde zone » et décideront de s’émanciper de la dictature des Généraux. Mais ca, ce n’est pas en 2015.

mercredi 26 mars 2014

A l'ombre du troisième mandat



Le président burundais Pierre Nkurunziza est déterminé à briguer un troisième mandate en 2015. Outre que c’est la violation du contrat entre Burundais qu’on appelle communément les « Accords d’Arusha » et de la Constitution qui stipulent qu’aucun président ne peut dépasser deux mandats, c’est une preuve que l’équipe dirigeante depuis 2005 n’a pas encore épousé les mœurs démocratiques qui régissent le monde d’aujourd’hui. Au 21e siècle, aucun homme d’Etat démocratique qui se respecte ne songe rester au pouvoir plus de deux mandats.

Avec les Accords d’Arusha, le Burundi avait nourri les espoirs de devenir un modèle d’une « démocratie consensuelle », l’unique dans la région des Grands-Lacs. L’exception burundaise n’aura été qu’une parenthèse. Avec ce troisième mandat, il n'y aura plus ni démocratie ni consensus. Le Burundi rentre dans le concert des « satrapies africaines »où les présidents s’accrochent bec et ongles au pouvoir toute leur vie, au mépris des Constitutions qu’ils manipulent a leur guise, et où, évidemment, le principe est de ne jamais perdre les élections qu’ils organisent.

Pourtant, dans CNDD-FDD, les 4D sont pour défense de la démocratie. Je suis de ceux qui pensent que même en politique, une certaine morale nous oblige à joindre les engagements aux actes. Si le peuple vote pour un parti qui dit défendre la démocratie, c’est pour qu’effectivement ce dernier défende la démocratie, pas pour qu’il l’enterre !