mercredi 27 mars 2013

Le mal burundais. Entretien avec Déo Hakizimana


Déo Hakizimana est président du Cirid - Centre Indépendant de Recherche et d'Initiatives pour le Dialogue. Il a été candidat indépendant aux élections de 2010 au Burundi.

Quel est le mal burundais aujourd’hui? La pauvreté ? l’injustice ? l’exclusion ? 

Deo Hakizimana: Votre question est vaste. J'y réponds en appelant vos internautes à lire ces lignes avec beaucoup de générosité, mais sans concession avec ce principe-ci : un peuple qui ne connaît pas son histoire n’avance pas dans le bon sens.
Dans le cas du Burundi, j'ai la conviction que ce que l'on appelle pauvreté n’est pas une fatalité, j'aime dire que nous sommes une Nation riche en opportunités, mais qui manquent de visionnaires.
J’ai eu l’occasion de dire durant ma campagne électorale 2010, que notre pays est une sorte d’igikemanyi (j'utilise ce mot seulement dans son sens traditionnel le plus profond, que ne traduit pas suffisamment le terme "panier" en français). Il s'agit, disais-je, d'une sorte de panier fermé, rempli de quelque chose qui ressemblerait selon moi à des « lingots d’or » attendant les coffres d'un banquier aimable, honnête et compétent.
Car le pays est vert partout et les Burundais forment un peuple très laborieux, qui sait se dépasser quand c’est nécessaire : en 1961, le peuple a gardé le calme à l'appel du roi suite à l'assassinat du prince de l'indépendance. Ils ont réédité la même patience à la mort de Ngendandumwe. Depuis 1993, ils arrivent à accepter de fermer les yeux sur des trahisons successives, attendant le jour où on leur dira la vérité judiciaire sur son héros Ndadaye.
On nous a fait croire pendant des lustres que notre problème était exclusivement un problème hutu-tutsi, puis régional avant d'être clanique. Cela reste vrai, dans un sens, mais ce n'est plus déterminant: le peuple sait depuis fort longtemps que l’injustice et l’exclusion dont vous parlez ont été de tout temps la résultante d'une mauvaise gouvernance pratiquée par des systèmes de pouvoir déconnectés des réalités et qui entretiennent le fossé ville-campagne.
Regardez le pays sous l'Uprona au lendemain  de la victoire de septembre 1961; regardez le Frodebu après 1993 et la gestion qui nous est imposée sur les affaires sensibles (je parle surtout de la vérité sur notre passé) depuis plus de 7 ans. C'est la reproduction d'un même scénario ! Ce que je considère comme un mariage de raison entre l'ancien parti-Etat et la mouvance de 2005 - qui semblent s'entendre pour mettre un black out sur ce que j’ai appelé (toujours lors ma campagne 2010)  « un brouillard épais » empêchant l’avion Burundi de décoller  - diffère fort peu, dans la méthode, de ce que l'on a vu sous les régimes précédents, au moins sur notre droit de savoir et d'accéder à la justice.
c'est ici que je me permets d'être encore plus ferme en me demandant si le "Grand Nord" actuel n'est pas venu remplacer le Grand Sud des années 70-80, un sud qui était lui-même le fruit de certaines pratiques inadmissibles héritées "Grand Centre" traditionnel de Muramvya que je connais mieux. C'est pourquoi je suis un des rares à oser suggérer qu'il faudra un jour poser publiquement la question Hima pour mieux comprendre les errances de l'ère Micombero et consorts...  J'attire votre attention, par exemple, que lorsque l'Affaire Mwambutsa (un  autre casse-tête!) sera décortiquée par les historiens compétents, vous serez surpris. Une CVR bis s'imposera de facto.
Peut-être que j'ai comparé l'incomparable. Mais je crois que la question à remettre autour de la table, c'est celle de savoir comment notre pays, après avoir été dans la région Grands Lacs un des Etats les plus forts il y a plus d'une centaine d'années, allant jusqu'à obliger la puissante Allemagne impériale, grâce au "Traité de Kiganda" ,à respecter ses volontés après 4 ans de guerre, peut se tenir de manière si fragile!
Nous attendons en fait que nos dirigeants sachent puiser leur vision dans ce type de références historiques que certains historiens complices de nos périodes troubles ont tenté de cacher à nos étudiants.
Je veux dire en somme que le passé noir non assumé, non élucidé, suite au hold up fait sur notre doit à la Vérité est une tragédie sans nom. Je veux rappeler qu'à la Saint Sylvestre 2012, on nous avait annoncé l’arrivée de cette CVR pour février 2013 au plus tard. Or, si je suis bien informé, les cris de déception ont commencé à se faire entendre ce week-end, une semaine avant Pâques. Comme c'est le cas depuis 12 ans.
Pour moi donc, le mal du pays, c’est d’abord cela.

Vous aimez beaucoup une citation d’Albert Einstein qui dit : « Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire ». Que devrions-nous faire pour éradiquer  le mal ou les maux burundais ?
Deo Hakizimana:  Nous n’avons pas à inventer la roue. L’essentiel a été dit et écrit. Il reste à en tirer les conséquences pratiques. A mon avis, la fameuse CVR en est une. Pour le reste, chacun doit faire ce qu’il peut, comme il peut, en pensant à l’avenir des générations futures. 

 Le prince Louis Rwagasore qui a cherché l’indépendance du Burundi avait un rêve, qui est toujours d’actualité : construire un Burundi paisible et prospère. Comment, 50 ans après l’indépendance, faire de ce rêve une réalité ?
Deo Hakizimana: S’agissant de Rwagasore et de son héritage, je me permets d’être actuel et rigoureux. Actuel car le message du Prince nous parle encore, aujourd'hui comme si c’était hier. Rigoureux parce que nous ne savons pas encore tout sur sa mort. Car c’est cette connaissance totale qui nous permettrait de mieux saisir la profondeur de son message et celles des stigmates que laisse sa tragique disparition. L’important étant de le faire pour construire, pour rendre justice à son combat, pas pour empoisonner des horizons encore fragilisés par le brouillard dont j’ai parlé tout à l’heure.  

 Dans un rapport publié le 25 octobre intitulé bye-bye Arusha, l’ONG International Crisis Group dénonce « un monopartisme de fait » depuis les élections de 2010, le manque de respect de la minorité politique et de la règle de droit, l’absence de dialogue entre le pouvoir et l’opposition, la mainmise du parti au pouvoir sur toutes les institutions et l’instrumentalisation des services de sécurité. Le Burundi est-il en train de perdre l’âme d’Arusha ? Comment rétablir cette tradition de dialogue entre les acteurs politiques qui était né avec les accords d’Arusha ?
Deo Hakizimana: Je voudrais être encore plus rigoureux en répondant à cette question. D’une part, l’accord d’Arusha était avant tout un instrument de recherche d’un consensus qui mènerait le Burundi vers un nouveau système politique enraciné dans une nouvelle constitution plus démocratique et dans de nouvelles mœurs plus acceptables à l’abri des coups d’Etat. C’est grâce à cela que nous avons évité un crash en 2005, malgré la tension qu’il y avait, car le FNL était toujours en dehors des institutions et les dérives qui ont caractérisé les premiers mois du nouveau pouvoir n’annonçaient pas de bonne nouvelles.  Finalement, le front de la paix a gagné et les élections 2010 dont on craignait qu’elles occasionneraient des casses graves se sont déroulées dans un calme d’une rare célébrité. Le lundi 24 mai 2010 était en effet un jour de printemps d’une beauté extraordinaire. En fait, ce qui s’est passé doit se comprendre comme étant la conséquence du fait que les principaux acteurs de l’époque ont oublié que le processus de paix avait été rapatrié à Bujumbura, que la communauté internationale avait terminé l’essentiel de sa mission et que le reste était avant tout l’affaire des Barundi eux-mêmes. Or, la majorité des leaders de l’époque, surtout dans l’opposition, ont choisi la stratégie de la chaise vide, celle du perdant. Et le parti présidentiel actuel, dont les ténors agissent comme l’on sait (ntibagira ikinya !) n’attendaient que cette occasion pour verrouiller le système. Nous avons crié pendant des semaines et des mois pour qu’un dialogue s’engage sur les anomalies réelles que nous avons vécues, sans succès. C’est pourquoi je félicite le BNUB d’être parvenu au récent atelier. Si cependant il s’est agi de dépenser de l’argent, pour se donner bonne conscience, sans se préoccuper d’agir sur les vrais enjeux et sur les vrais protagonistes d’un dialogue de qualité, la réalité burundaise les rattrapera, et c’est le peuple qui trinquera : c’est donc à ce dernier d’assumer la suite… Je prie mes compatriotes d’abandonner leurs habitudes de croire qu’il existe une communauté internationale qui va les aider s’ils sont incapables d’un minimum de consensus.

   Le World Report 2013 de l’ONG international Human Rights Watch publié récemment a conclu que le nombre d'assassinats politiques a diminué en 2012, après avoir enregistré  une forte hausse en 2011. Comment qualifiez-vous le phénomène de ce qu’on appelle désormais les “exécutions extrajudiciaires ? Sont-elles des affaires criminelles isolées ou le reflet d’une « guerre secrète » entre le pouvoir et l’opposition comme le disait un officier au journal Jeune Afrique ?
Deo Hakizimana: Il y a tout cela à la fois. Mais, en définitive, je préfère retenir que cela montre aussi que des progrès sont possibles et qu’ils nous  appartient, vous et moi et tous les autres de faire un effort dans le bon sens.

 Pourquoi les instituions de justice transitionnelle, à savoir la Commission vérité et réconciliation et le tribunal international prévus par les Accords d’Arusha  tardent à se mettre en place ? Pensez-vous que les Burundais connaitront enfin la vérité sur les pages sombres de leur histoire et la justice ?
Deo Hakizimana:J’ai déjà évoqué ces aspects dans les réponses antérieures. J’ajoute, comme dit une sagesse : le mensonge court, la vérité finit par le rattraper. Ça prendra du temps, peut-être, mais tôt ou tard, l’abcès sera crevé un jour. 

Vous avez rappelé vous même que vous avez été candidat indépendant aux élections de 2010. Quelles leçons avez vous tiré de ces élections ? Comment préparer des élections apaisées en 2015 ?
Deo Hakizimana: IL y en a deux. Mais il faut que je vous dise d’abord qua ma candidature était avant tout ce que les politologues appellant “une candidature de protestation” ou encore “Une candidature de combat”, quand quelqu’un veut se faire taire face aux voix injustes des détracteurs. J’ai pris la decision à la dernière minute, car je voulais absolument saisir la tribune officielle publiquement ouverte pour communiquer mon message que les autres candidats ne semblaient pas vouloir  assumer, du moins selon mon analyse. Puis, après les quatre mois d’intenses cogitations, j’ai retenu deux grandes leçons : 1) notre peuple, en dépit des freins liés à la misère, est un peuple averti. IL faut cependant savoir , comme dit Ban Ki-Moon, que cette pauvreté  peut affaiblir les coeurs et porter atteinte à la démocratie en ce sens que les groupes fragillisés vivent au jour le jour, parfois en fonction des forces qui profitent de leur vulnérabilité. 2) Mais j’ai vu aussi que nos populations ont soif d’un vrai leadership. Consultez les resultants électoraux du 23 juillet 2010 lors des legislatives: dans la province Muramvya (où je m’étais fait enroller et s’affrontaient 7 partis politiques et moi meme comme indépendant), j’ai fait un score supérieur  de très loin (plus de 25%) celuii d’un collectif de partis présentés comme un appendice du parti présidentiel! Regardez les rapports, par exemple celui de l’Union européenne, p.71 sur ce lien:  http://www.eueom.eu/files/pressreleases/other/final-report-burundi-2010_fr.pdf). C’est pourquoi je suis optimiste pour notre people. Le raz de marée que l’on a vu le 1er juin 1993, il pourrait le rééditer un jour, à la surprise générale …



Propos recueillis par Jean-Marie Ntahimpera.

Le blog de Deo Hakizimana http://deo-hakizimana.blogspot.com/

jeudi 21 mars 2013

Quelle leçon pouvons-nous tirer des événements de Businde?


Didi Didier


Par Didi Didier 
 
Businde, petite colline perdue au Nord du Burundi vient de devenir la cible des medias du Burundi en général et des medias régionaux en particulier. Cette médiatisation relève de l’un des événements les plus sanglants affectant immédiatement l’Eglise Catholique du Burundi après l’assassinat à Kiremba des deux sœurs missionnaires dans la province de Ngozi, fin d’année 2011. Faut-il aussi rappeler que le Burundi a déjà versé le sang de deux Evêques (Joachim Ruhuna et Michael Aidan Courtney) dans la crise qui a secoué le Burundi (1993-2003)

Nul ne peut rester indifférent ou silencieux face à une folie meurtrière qui a emporté la vie d’enfants  et de femme en général dont la seule faute était de braver l’interdiction publique de prier sur la colline de Businde, colline où la Vierge Marie aurait  apparu à  une certaine Eusébie.
Au départ le culte était en accord avec l’Eglise Catholique dont Eusébie se réclame membre (aujourd’hui elle est en cachette). Mais la dérive (doctrinale ou théologique) des pèlerins de la colline Businde (un sanctuaire catholique y avait déjà été élevé) a provoqué la condamnation de l’Eglise et le  culte de Businde tomba sous interdiction ecclésiastique.

Personne ne peut le douter,  pour que cette interdiction soit effective, l’Eglise Catholique demanda  main-forte de la part des dirigeants. Dans le souci de ne pas fâcher l’Eglise majoritaire au Burundi, ceux-ci n’ont pas tardé à malmener les gens qui venaient prier à Businde. Cela alla de la destruction du sanctuaire et des emprisonnements arbitraires jusqu'à la l’installation  permanente d’une position de sécurité occupée  par des policier armes de kalachnikovs  à l’endroit du sanctuaire . Ce zèle exagéré  des membres de l’exécutif a été à maintes reprises  décrié  par la société civile, condamnant l’intervention partiale des gouvernants d’un pays laïc dans une affaire religieuse.

Cet acharnement ne découragea pas ceux qui avaient reçu le message d’Eusébie. Il fallait revenir prier sur la colline de Businde le 12 de chaque mois. Mais le matin du 12 mars 2013 se révélera  fatal pour les adeptes d’Eusébie : le bilan actuel est de 10 morts et une dizaine de blessés dont 2 policiers selon les informations officielles. Pour un petit rappel, le matin du drame verra le ministre de l’intérieur et celui de la sécurité publique atterrir sur le site de Businde. Devant les morts et les blessés, ils rendirent hommages au policiers qui ont tué et blessé  des pèlerins excités  à la cervelle lavée. Le mouvement Eusébie  a été comparé au mouvement d’extrémistes d’islamistes nigérians (Boko haram) qui a déjà tué des milliers de chrétiens et brulé une centaine d’églises. Personne ne put retenir son émotion, l’arrogance était à son comble. Rappelons que l’un des ministres est natif de cette colline.

L’église catholique du Burundi a fait une réaction très tardive et trop froide. Les paroles de condoléances de l’évêque adressées aux familles en deuil et aux fidèles catholiques  n’étaient  pas du tout convaincantes.  Je n’ai pas vu les larmes d’un père  qui pleure la mort  simultanée des ses fils et de ses filles. [IISam.18:9 ;18:32-33]

La justice déterminera si oui ou non cette  interdiction de prier sur la colline de Businde est en accord ou pas avec la constitution du Burundi qui garantit la liberté de culte. Au delà de l’émotion, posons les questions sur les raisons,  qui, une foi de plus a poussé des policiers chargés de la sécurité à commettre l’irréparable et endeuiller le Burundi. Pire encore, ils ont reçu des ovations de la part de leurs supérieurs, une chose qui a provoqué l’irritation de la majorité de la plupart des acteurs politique au Burundi.

Une compréhension plus profonde de la conception du pouvoir par l’âme murundi peut nous aider à sonder ce qui a conduit au drame d’une telle ampleur. Les dirigeants actuels comme ceux qui étaient au pouvoir dans le passé ne font aucune attention à la loi. La seule chose qui importe n’est que rester dans les bonnes grâces de ses supérieurs. Excepté la peur de fâcher ses supérieurs, l’exercice du pouvoir ne doit sa limite qu’ à la conscience du dirigeant. Rien ne peut nous étonner, la plupart des lois édictées au Burundi ont été rédigées dans des pays lointains dont la culture nous reste étrangère. Le Burundais ne veux pas faire sien le respect de la loi. Nous préférons des arrangements, des soumissions dans le silence. L’égalité n’est avouée qu’à la radio et à la télé. Certains parmi les citoyens se sentent supérieurs.  La mise en question d’un ordre d’un supérieur est perçue comme une insubordination. La démocratie se conçoit comme une façon pacifique dont les élites se succèdent au pouvoir. Très peu de ceux qui sont au pouvoir savent qu’ils sont au service du peuple et non le peuple à leur service.   Le Burundais dans son fort intérieur voit l’exercice du pouvoir à la même façon qu’il était exercé  sous la royauté. Se conformer à la loi est vu par les burundais comme rigidité si ce n’est pas méchanceté ou dans le cas contraire de la générosité. Au Burundi, nous avons tendance à remercier celui qui a bien fait son service (publique) même si il est payé  par les taxes que donnent les citoyens.

Ceux qui possèdent les armes pour défendre la nation des agressions étrangères  ou pour assurer la sécurité intérieure du pays se voient emporter dans les airs. La plupart des policiers et des militaires au Burundi ont du mal à croire que se sont des citoyens comme les autres. Ne pas se soumettre aux ordres qu’ils vous intiment peut  vous couter la vie. L’unité nationale ou le sentiment d’appartenance à une même nation est presque inexistant. Même ceux qui vont à la même église se haïssent. Au sommet de ce constat, malgré l’enseignement chrétien de l’amour et du respect de la vie, la sacralisation de la vie n’est pas dans la culture burundaise. Des gens peuvent se réjouir de la mort des autres. Très peu de gens manifestent l’indignation devant la torture et la souffrance causée par ceux qui ont le pouvoir.

             Les habitants de notre pays devraient organiser des débats publics  et réclamer une justice exemplaire contre les dirigeants qui abusent de leur pouvoir.  Si un ministre me donne un ordre – par écrit ou verbalement, est- il normal que n’est pas l’exécuter peut me couter la vie ou une détention sans avis des officiers de la justice? Dans quel pays vivons-nous ?

 Ce qui s’est passe à Businde est une démonstration de la brutalité dans la manière de l’exercice du pouvoir au Burundi. En tant que chrétien catholique, se reconnaissant dans la spiritualité mariale et citoyen du Burundi,  je condamne fermement ces actes de barbarie commis par de gens chargés  d’assumer la  sécurité de la population. Je remets à Dieu ces ministres qui ont chanté  des louanges à ceux qui ont tué  des pèlerins tout en leur rappelant qu’ils  ne pourront jamais se laver de leurs propres mains  le sang des martyrs qu’ils ont crées eux-mêmes par leurs paroles s’ils ne demandent pas pardon avec sincérité.
Je sais que certains parmi mes lecteurs diront que je ne suis pas habileté à déterminer le sort de ceux qui se réjouissent de la mort et la souffrance des autres, mais je doute que l’arrogance et l’orgueil de ces ministres leur permettra de reprendre le micro pour demander pardon et sentir la douleur que leurs subordonnées ont causé aux familles des pèlerins de Businde, à leurs compatriotes Burundais qui attendaient d’eux une protection.

Une fois encore faut-il le  rappeler « Chaque visage est un miracle, parce qu’il est unique »- Tahar Ben Jelloun. Personne ne peut remplacer ceux qui sont morts. La vie est sacrée, celui qui maudit ce que Dieu a bénit lui-même sera maudit, celui qui détruit ce que Dieu a érigé, Dieu lui-même le détruira. La vie est un don de Dieu, chacun de nous devrait œuvrer pour sa protection et son épanouissement.

L’avènement du pouvoir actuel avait suscité beaucoup d’espoir, le président Pierre Nkurunza a fait un geste humanitaire en abolissant la peine de mort au Burundi. Par la suite sont silence face aux actes de violences qui se sont produits durant la période de son pouvoir, des violences  qui ont emporté beaucoup de vies humaines, sa non-réaction après le massacre de Businde fait penser que son geste, au départ cru comme humanitaire a été motive par d’autres raisons . L’hypothèse que je peux émettre consiste en un geste économique plutôt qu’humanitaire. L’abolition de la peine de mort a sans doute permis au pouvoir de gagner des aides financières de la part des pays Européens qui sont par majorité abolitionniste de la peine de mort.

Si la mort des pèlerins de Businde avait peiné le président de la république, il se serait exprimé à  la radio et aurait demis de leurs fonctions les ministres qui ont osé narguer les morts, les blessés et les familles en douleur le jour du drame. D’ailleurs, le fait que ces ministres n’ont pas remis leurs postes montre la solidarité reçue de la part de leur chef et le faitqu’ils ne sont pas désolés de leurs paroles adressées  le jour du drame signifiant ainsi que la mort violente provoquée par leurs subordonnés est une chose banale.

Espérons que la mort des pèlerins de Businde permettra une nouvelle approche dans la relation “population civile- policiers”. Le respect de la vie dans une société est un combat que chacun de nous doit prendre comme le sien. Notre volonté de vivre sur un terre pacifique et de liberté ne se réalisera que le jour le dirigeant et le diriges se sentiront comme des citoyens d’une même République avec les mêmes droits et les mêmes devoirs, des enfants d’un même Dieu appelés vivre et travailler ensemble pour le meilleur des générations  futures.  Entre autre, je demande aux responsables politiques du Burundi de laisser les gens se rassembler pour la prière du 12 de chaque mois  sur la colline de Businde. Le fait que l’Eglise Catholique n’a rien à faire dans ces genres  de prières ne les rendent pas illégales ou source d’insécurité pour le reste de la population du Burundi.  Hommage à ceux qui sont tombés sous les balles d’une police guidée par des aveugles.  Que le sangs des martyrs de la belle colline de Businde arrose et fait grandir  les esprits des  hommes  militants  pour la liberté et l’égalité. Je me joins aux familles endeuillées.



                                                     DIDI Didier
                                                     Université Technique d’Etat de Tver
                                                     Faculté de l’informatique et des
                                                                               Technologies de l’information   

vendredi 8 mars 2013

A ma mère



Je dédie spécialement cette journée de la femme à ma mère. C’est une femme courageuse qui a fait et continue à faire beaucoup de sacrifices pour élever ses neuf enfants dans des conditions très difficiles. Elle est à l’image de cette femme africaine qu’on montre dans les livres : un enfant dans le dos, une houe sur l’épaule et un panier sur la tête. Elle doit préparer à manger pour les enfants, nourrir la vache et s’occuper des champs.
Elle a appris à s’occuper seule de la famille à l’absence de son mari. Mon père, qui est un menuisier, un ouvrier,  doit passer une grande partie du temps loin de la famille, pour travailler et chercher de l’argent pour payer le minerval et le matériel scolaire des enfants.
Je me souviens du moment où elle soupçonnait mon père d’avoir une autre femme quelque part parce qu’il travaillait sans pouvoir ramener de l’argent à la maison. Elle a fini par comprendre, sans avoir besoin de lire Marx et Lénine- que les ouvriers sont exploités.
                Elle s’est battu et a conquis quelques libertés à sa manière. Je me souviens de la joie qu’elle a éprouvée quand elle s’est acheté une pagne pour la première fois, par son propre travail, sans demander l’argent à son mari ou à personne. 
Maman, je fais des efforts pour transmettre à mon prochain l’amour que tu m’as donné.

samedi 2 mars 2013

Du forum national des femmes



Peace Gretta Kidasharira

Par Peace Gretta Kidasharira 
Burundi. Février: élections des femmes qui représenteront les autres dans ce Forum, rêvé ’’ National des Femmes ‘’
Très vite, le désenchantement …
Dans la rue, rentrant du marché, deux femmes échangent, d’un coup, je les entend parler de ces élections, l’une racontant  à l’autre combien cela est une bonne idée et l’autre de lui répliquer qu’elle n’a jamais été au courant de cela : de quels élections tu me parles ? demande-t-elle.
Une   oui, parmi  milles autres…étonnées, se posant milles et une question, la majorité des Burundaises ignorent que celles qui devront les représenter sont entrain d’être élues.  
Partout des femmes qui demandent ce qu’il en est exactement …, les concernés ignorent de quoi il s’agit, le genre d’élections rare si ce n’est  jamais connu dans l’histoire du monde dit moderne. ..Qui  nous parlais des Propagandes et des Propagandistes!!??                                                                                                                                                                                                       National, oui, de portée Nationale …, encore plus grave
Et d’un coup, les médias s’y mettent pour nous faire savoir ce qui se passe …incroyable
Les candidates sont approchées par certains représentants des communes pour leur demander de payer, payer pour qu’on les aide à  être élus …, des femmes sur la file d’attente sont abordés, soudoyé pour élire telle. C’est pratiquement dégradant, à énumérer toutes ces pratiques minables, exhibés AU GRAND JOUR  par ces femmes issues des BAKENYERARUGA MBA. Le comble fut le moment où on nous fit savoir certaines des gagnantes : Tantôt, la femme de l’administrateur, tantôt celle du Représentant du parti au pouvoir dans telle ou telle autre contrée…

En un mot, le Forum National des femmes devient tout d’un coup une Direction, contrôlée totalement par le Parti au pouvoir, dont elle sera la chose
Il en choisit les agents si je puisse ainsi dire, discrètement, en organise la hiérarchie, ce qui implique qu’il décidera seul et souverainement des orientations de ce FORUM National.
Quand je pense à tout l’historique de la femme Burundaise, à tous ces problèmes auxquels elle fait face au quotidien, à toutes ces demandes  qu’elle adresse toujours aux décideurs, qui, dans notre société qui les relèguent toujours au plan arrière ayant toujours d’autre chat plus important à fouetter ,mon indignation reste difficilement dissimulable

En vérité, pour une fois qu’il y’avait un organe féminin ayant une capacité de nous réunir au niveau National, on devrait ouvrir les yeux et en profiter, en faire une union forte et indivisible pour une amélioration positive de la condition féminine au Burundi
On devrait savoir que crier ‘’Système, Système’’ après une victoire éphémère et  qui n’en est pas une aura un écho néfaste sur nos petites filles qu’on aura égorgé un jour, sans le savoir
Quel système en fait?
Juste’’Ama Système’’ …intéressant!
Qui parlait de prise de conscience ? On en a terriblement besoin
La femme Burundaise n’a pas toujours été un ange mais, la Sagesse a été souvent son point fort
J’en appelle :
1 .à leur honneur pour dénoncer et refuser ces mauvais comportements et montrer leurs positions
2. à leur  maternité pour penser aux intérêts durables,pas de tel ou tel autre parti, mais à un meilleur futur de leur progéniture

Je félicite en passant, la plupart des associations féminines, ces femmes à la clairvoyance sans équivoque qui n’ont pas caché leur indignation !
Dans mon coin, par milliers, viennent se bousculer des pensées dans ma tête, je suis effrayée, sincèrement, effrayée de constater à quel degré la plupart des femmes acceptent un rôle de marionnettes sur une scène ou se joue leur   EMANCIPATION TANT CHANTEE

Serait-ce à tort si dans ce contexte, j’invoquais une crise d’institutionnalisation d’une institution féminine au Burundi…
Je pense que non, partant du fait que je remarque qu’on ne connait pas exactement  le sens de ce Forum National
Ridicule oui, mais je croise les doigts pour la Femme et la Fille Burundaise qui n’en a pas encore finit d’en voir de toute les couleurs…