Hier, j’étais l’invité de Cynthia Ngendakuriyo dans
l’emission « Forum Jeunes »de la radio Isanganiro pour parler du rôle des
blogs et des réseaux sociaux dans le changement et le développement de la
société. C’était un jour historique pour moi puisque c’était la première fois
que j’étais invité dans un studio. Disons que c’était la deuxième fois puisque j’avais
été appelé à intervenir dans l’émission Forum Jeunes a partir de la Russie sur
le même sujet il y a plusieurs mois. Mais cette fois-ci c’était différent,
j’étais assis dans le studio de la radio Isanganiro. J’étais content d’y
« rencontrer » mon ami Jean Régis Nduwimana qui enseigne la
communication dans différentes universités du Burundi et qui est un excellent
connaisseur des réseaux sociaux et de facebook en particulier.
J’ai souligné que sous d’autres cieux tous ceux qui
ont des messages à transmettre et qui veulent atteindre un grand nombre de
personnes créent des blogs, des sites internet et s’inscrivent sur les réseaux
sociaux. Les journalistes, les écrivains, les activistes de la société civile,
les hommes politiques, les businessmen, tous sont concernés par le monde de la
blogosphère. La circulation de l’information y est tellement rapide que
beaucoup préfèrent saisir cette opportunité.
Au Burundi beaucoup de jeunes gens s’inscrivent de
plus en plus sur les réseaux sociaux, et
créent de plus en plus de blogs. C’est une bonne chose mais ca reste
insuffisant. La présence des Burundais sur internet reste très limitée. Mon ami
Jean Régis Nduwimana l’a souligné dans l’émission, les Burundais qui sont sur
internet représentent moins de 1%. Ce sont des privilégiés, ou alors des
Burundais des diaspora. Les messages qui circulent dans cette blogosphère burundaise restent
cantonnés entre ce petit beau monde dont la majorité de la population ne soupçonnent
même pas l’existence. Je le vois souvent sur mon blog, la majorité de mes
lecteurs sont des Burundais des Etats-Unis, du Canada, de la Belgique, de
France ou de la Suède. Dans ces conditions, il est difficile que la blogosphère
puisse être le moteur du changement comme on l’a vu chez ce qu’on appelle le
« Printemps arabe », ou en Russie où le célèbre blogueur Alexey
Navalny mobilise souvent des millions de gens dans les rues de Moscou pour
s’insurger contre les excès du régime de Vladimir Poutine.
Le problème au Burundi est que l’internet y est très
cher alors que le pouvoir d’achat des Burundais est très faible. Tenez. Pour avoir accès a l’internet en
continu, il faut acheter un modem de 70 000 FBU, et payer 70 000 FBU
par mois. Dans ces conditions, internet reste un outil de luxe. En Russie, le
coup de la connexion internet se chiffrait à 300 roubles, l’équivalent de 10
dollars. En Corée du Sud, il parait l’internet est gratuit.
Il faudra attendre qu’au moins 10% de la population
burundaise ait accès à l’internet pour que celui-ci soit le moteur du changement.
Mais avec la prolifération des compagnies de téléphonie mobile, beaucoup de
gens auront de plus en plus accès à internet a partir de leurs téléphones
portables. Et les Smartphones ne tarderont pas à s’inviter a grande échelle. Ainsi,
on pourra trouver des blogueurs dans tous les coins du Burundi. Et ce sera le début
du changement…