Le Burundi a été classé récemment comme le premier pays au
monde où les gens ne sont pas heureux.
J’ai été très choqué en lisant ce classement. Choqué, parce
que, si notre pays subit un tel affront dans le concert des nations, c’est que
nos dirigeants ont fait preuve d’une médiocrité sans commune mesure. Parce que
le premier rôle des dirigeants d’un pays, c’est de créer de bonnes conditions
pour qu’effectivement le plus grand nombre possible de citoyens puissent être
heureux. C’est un fiasco total.
J’ai été choqué, mais pas surpris. Pas surpris, parce que
déjà le Burundi est l’un des pays les plus pauvres du monde. Ça aurait été
surprenant si, au contraire, étant l’un des pays les plus pauvres, le Burundi
devenait l’un des pays où il fait bien vivre. Si la richesse ne fait pas
forcement le bonheur, elle y contribue fortement.
L’autre raison pour laquelle je n’ai pas été surpris, c’est
que la crise que nous vivons a amplifié les mécontentements. Des centaines de
gens, si ce n’est pas des milliers, ont été assassinés. Des centaines de
milliers de personnes ont été condamnés à l’exil. Des étudiants ont perdu le
petit déjeuner, d’autres la bourse. Nombreux sont les fonctionnaires qui ont
perdu une partie importante de leurs salaires. Les opportunités d’emplois chez
la jeunesse sont devenues plus rares que jamais. Beaucoup d’hommes d’affaires
ont fermé leurs sociétés, d’autres travaillent au ralenti. Je ne parle pas de
milliers de prisonniers politiques et de leurs familles.
Je ne vois pas comment on peut être heureux avec tout ça.
L’un des commentateurs sur ma page facebook se demandait
comment les Burundais peuvent être plus malheureux que les Syriens. La réponse
se trouve dans
cet article
de BBC :
« L'enquête a révélé que les Syriens avaient une
meilleure santé/ espérance de vie
et ont également été considérés
comme étant plus généreux que
les Burundais et les gens des trois autres pays - le
Togo, l'Afghanistan et le Bénin »