Parmi
les pays voisins, la Tanzanie est le seul pays qui a des choses à apprendre au
Burundi en termes de démocratie.
Oui,
la Tanzanie est aussi un pays pauvre. Et oui, la Tanzanie est aussi un pays corrompu.
Mais la Tanzanie est un pays stable, contrairement au Burundi, au Rwanda et à la République démocratique du Congo. C’est un
pays qui, de façon spectaculaire, est parvenue à éviter la guerre civile, alors
que, ethniquement, elle est aussi hétérogène, sinon plus, que ses pays voisins,
où les guerres civiles ont décimé plusieurs millions de personnes.
Aujourd’hui,
en 2015, la Tanzanie ne cesse de faire la différence. Comme le Burundi, elle
est en période électorale. Contrairement au Burundi, où plus
de 200 personnes sont morts suite à la décision du président
Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat, et aux autres pays voisins,
le Rwanda et la RDC, où les satrapes sont aussi prêts à se maintenir au pouvoir
en 2016 en manipulant les constitutions, Jakaya Kikwete, le président sortant de la
Tanzanie est le seul à faire exception. Sa conception
de mandats présidentiels est on ne peut plus claire, comme
on peut le lire dans The Insider :
« J’ai été président pendant
10 ans… 10 ans sont suffisants pour un chef d’Etat, pour accomplir ses agendas.
Je ne pense pas qu’un président ait besoin de plus de 10 ans pour compléter son
principal agenda ».
Le champion de l’alternance dans la
région
Il faut souligner qu’en termes d’alternance,
la Tanzanie est cohérente depuis que le vieux Julius Nyerere s’est
audacieusement retiré de la vie politique en 1985, après 23 ans de règne, contrairement aux habitudes des leaders
africains de l’époque, même si cette alternance se fait à l’intérieur d’un même
parti.
En
effet, je préfère une alternance à l’intérieur d’un même parti à un manque
total d’alternance, ou à une alternance qui se fait toujours dans le sang,
comme c’est le cas au Burundi. Contrairement à une
certaine opinion, nous les Africains, nous voulons la
bonne gouvernance certes, mais nous voulons aussi de l’alternance. Parce que c’est
le manque de possibilité de cette alternance qui fait que, en partie, nos pays
soient ravagés par des guerres civiles. Je suis convaincu que, si les leaders
politiques tanzaniens cherchaient à se maintenir au pouvoir comme chez nous, la
Tanzanie serait aussi minée par des guerres comme chez nous.
Alors,
qu’est-ce que la Tanzanie a de spécial ? Pourquoi a-t-elle parvenu à
éviter les démons qui ravagent ses pays voisins ? D’abord parce qu’elle a
eu la chance d’être dirigé par homme sage, atypique, Mwalimu Julius Nyerere, à
la fois catholique et socialiste, et qui a pu mettre le pays sur de bons rails.
En plus parce que le socialisme adopté par Julius Nyerere, purgé des excès
marxistes de « dictature du prolétariat » est un universalisme, sur
lequel il est très aisé de construire les fondations d’un Etat démocratique
pluriethnique.
Alors,
si nous les Burundais nous voulons construire un Etat stable et démocratique,
nous devons étudier (et adopter) le modèle politique tanzanien.
Oui, il existe encore des grands hommes! Des leaders, de grands leaders qui respectent et font respecter la loi. Nous avons besoin de ces hommes dans notre pays. Des leaders qui savent couvrir d'honneur surtout au terme de leurs activités légales. Nous devons foconner de tels hommes en commencant par nos enfants qui sont en train de grandir car, dit Ngugi wa Thiong'o, "la jeunesse est le salut de notre nation" (the youth are our saviors from the terrible situations we are living in) .
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