Thierry Uwamahoro |
Appelle-moi
capitaliste. Mais quand un président inspire son peuple à travailler peu
(puisqu’ on n’a pas besoin de vivre une vie dépensière), il est mieux indiqué
pour gérer une agence caritative au service des retraités qu’a la tête d’une
nation. Appelle-moi élitiste. Mais quand un président pense que son emploi du
temps sert son peuple mieux quand il reste occupé à faire les champs, soit il
s’est trompé de priorités, soit il est temps qu’il entre dans sa retraite. Loin
de moi l’idée de mépriser le travail louable des agriculteurs. Nonobstant, combien
de voix donnerez-vous à un candidat présidentiel qui a comme
slogan : « vote pour moi pour que je puisse travailler dans mes
champs » ? Un président d’une république est une institution -- la
plus importante institution d’une nation. Une institution aussi importante ne
peut pas être laissée à travailler dans un seul champ la plupart du temps. Elle
doit s’occuper de tous les champs d’une nation. Et par champs, comprenez la
définition la plus métaphoriquement vaste de ce mot.
Revenons sur la
question du travail, de l’ambition, et de la poursuite du gain et aisance
matériels. « Si vous n’avez pas beaucoup de possessions, vous n’avez pas besoin
de travailler comme un esclave toute votre vie pour les soutenir, et vous avez
plus de temps pour vous-même», dixit le Président Mujica. Pour certains, cette
citation est la plus belle qu’ils aient jamais lue. Mais, imaginez la perte en
croissance économique qu’engendrerait cette citation si toute une nation venait
de s’en inspirer. La logique de cette citation est qu’il faut travailler peu
pour amasser peu de possessions et ainsi avoir plus de temps pour soi-même.
Croyez-vous que les chômeurs de ce monde sont les plus heureux parce qu’ils ont
tout leur temps pour eux-mêmes ? Mais plus important, si tout le monde se
mettait à travailler peu, qu’en résultera-t-il de l’économie d’une
nation ?
Si le Président
de l’Uruguay arrive à distribuer la majorité de son salaire de 12,000 dollars
américains aux agences caritatives, c’est que quelque part quelqu’un travaille
durement et est taxé sur les fruits de son labeur pour que le président qui
passe son temps aux champs puisse être payé.
Voilà, il n’y a pas de magie, comme dirait Archimède, « rien ne se
perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Quelqu’un doit suer à créer
et à transformer pour qu’une nation ait suffisamment de taxes pour soigner les
malades, pour éduquer les enfants, pour construire les routes, pour entretenir
les parcs, pour payer la police,…et pour
payer le président.
La poursuite des
possessions, des biens et/ou de l’aisance matériels est l’essence qui dynamise
l’esprit du travail. Il faut avoir une certaine ambition. C’est cette ambition
qui attise le travail et engendre la croissance économique. Mais pourquoi nous
concernons-nous de la croissance économique ?
Une bonne matinée
de l’automne de 2007, je commençais ma maitrise en développement international.
Le premier professeur à entrer dans la classe allait nous enseigner un cours
intitulé « Economie du Développement ». Apres les présentations
d’usage, il nous donna ce qui fut la première interrogation non-avertie du
cours. La question : peut-on avoir un développement économique sans
croissance économique ? Nous avons écrit de longs paragraphes à la
recherche d’une réponse intelligente. Nous cherchions à faire une bonne
première impression ! Apres la collecte des copies, il nous apprendra que
la réponse est tout simplement : Non. Une jeune demoiselle indienne leva
la main pour dire au professeur économiste qu’elle connaissait une
exception : la région indienne de Kerala est économiquement développée
sans qu’il y ait une croissance économique locale. Pour le professeur, la part
que jouit les rémittences (envoie de fonds) vers cette région est souvent
insuffisamment discutée. Les émigrants de cette région envoient des fonds qui
soutiennent le niveau de développement observé. Quelque part, quelqu’un doit
travailler. Quelque part il doit y avoir croissance économique.
La croissance
économique (qui est mesurée par l’amélioration positive de la production de
biens et de services dans une économie) est une condition nécessaire (même si
pas suffisant) pour qu’il y ait développement économique. Par développement
économique, comprenez progrès dans le standard de vie, la présence des services
sociaux (santé, éducation, eau potable, etc) de qualité ; bref, une
amélioration des conditions de vie. Or,
la croissance économique n’est rendu possible que par un travail assidu. Un
niveau de travail qui est corrélé aux ambitions du travailleur. Ainsi, je
préfèrerais un président ambitieux qui inspire ambition et travail à son peuple
à un président qui inspire modestie et austérité exagérées.
Il y a tout un
symbolisme à la tête de l’état. Il faut être ambitieux pour aller à la quête
des hôpitaux hypermodernes, des autoroutes, des trains à grande vitesse, des
avions supersoniques, des connections à fibres optiques dans tout le pays, des
iPad dans chaque classe, des barrages hydro-électriques…Et ceci n’est pas
l’image que projetterais un président qui s’établirait dans une hutte, se
déplaçant sur ingorogojo (la
bicyclette en bois).
Pour le Président
Mujica, « Les pauvres sont ceux qui travaillent uniquement pour avoir un
style de vie dépensier »; mais je vous propose aussi, « Travaillez,
prenez de la peine : C'est le fonds qui manque le moins » de La Fontaine. Travaillez
dur, cherchez continuellement vos trésors, restez sur vos soifs, vivez pour le
travail si vous voulez, il y a toute une économie à accroitre et des hôpitaux,
des chemins de fer, des salles de classes modernes, des autoroutes, des
aéroports, des barrages électriques,… à construire. Voilà le message alternatif
que je préférerais de mon Président.
Thierry Uwamahoro
est Analyste en développement international à la société Abt Associates.
Très intéssant, Tierry. Ambitieux, capitaliste et elitist comme vous vous decrivez, je trouve votre défense de l'ambition, de l'aspiration à une vie meilleure( à de meilleurs conditions de vie), du sens de grandeur et de l'immensité, du travail assidu et de qualité( donc bien fais)plus ou moin convainquante, car suis aussi ambitieux bien que non capitaliste et encore moin elitiste.
RépondreSupprimerToutefois, je défends les valeur les valeurs d'ascetisme, d'abnegation, d'austérité, mortification, sacrifice de soi, control de soi, heroism, génerosité, charité, amour du prochain que démontre le Président Mujica que vous décrivez ici. Le fait qu'il choisit de vivre humblement, vivre une vie modeste, frugale et parvient à s'ecarter de la luxure, de l'amour excessive de l'argent, de l'avarice et de la gourmandise, cela démontre sa magnanimité spirituel ainsi que sa perspicasité.
J'estime qu'ici chez nous en Afrique, nous soufrons de plusieurs maux, mais le plus grand de tous, reste la luxure de nos dirigeants, leur amour excessive et incontrolé de l'argent ainsi que d'autres biens matériels. Les deux leaders exceptionnels que le continent a produit jusqu'ici, à savoir Thomas SANKARA et Julius NYERERE, dont vous connaissez certainement les réalistions,n'ont parvenu à faire ce qu'ils ont faits, exactement par ce qu'ils détestaient la luxure. Si on pouvaient avoir d'autres présidents qui détestent la luxure, ca serait la fin de notre misère. Bref, pour repondre directement à ta question, je préfererais, un président humble, modeste, frugal, austè même, au président ambitieux,luxueux, elitiste, arrogant, avare, egoiste,sans souci des autres créatures quand il poursuis ses interês lucratifs.
Merci Anonyme pour ton commentaire. C’est un honneur de voir que tu as lu mon billet du debut a la fin. Et surtout quand je parle de “l’opulence insolente de certains chefs d’état des pays pauvres.”
RépondreSupprimerMon commentaire est fait dans l’esprit de Thomas Sankara qui voudrait que l’Afrique se defasse de l’aide etrangere. Lui qui voulait que le Burkina Faso puisse produire suffisamment de nourriture pour toute sa population et pour l’exportation. Pouvoir se faire de l’aide demandera un travail assidu. Si un pays comme le Burundi, qui dans sa pauvrete meme, depend a 50% des aides etrangeres, il faudra que les Burundais travaillent et produisent au moins 50% plus pour que nous travaillons et produisons aujourd’hui pour que nous puissions nous debarasser du joug de l’ imperalisme qu’est l’aide etrangere et maintenir le niveau de vie actuelle. Or, le niveau de vie actuel n’est meme pas suffisant. Des enfants et des mamans meurrent suite au manque des soins de santé et de nourriture, la majorite de burundais vivent precairement dans la pauvrete. Je ne suis pas de l’ avis qu’aspirer a un Burundi ou chaque Burundais vit DECEMMENT decoulent de l’arrogance.
“Nous devons donner a chaque femme un emploi. Nous devons donner a chaque femme les moyens de gagner honettement et DIGNEMENT sa vie”, disait Thomas Sankara. Voila le President tes ambitieux que je prefererais. Personnellement, je trouve que Sankara etait le plus ambitieux des presidents que l’Afrique ait jamais eu.
“…par manque d’ organization, nous sommes toujours obliges de tendre la main pour demander des aides alimentaires. Ces aides alimentaires qui nous bloquent, qui nous inspirent … qui installent dans nos esprits cette habitude, ces reflexes de mendiants, d’assistes…Nous devons mettre de cote ces aides par notre grande production. Il faut reussir a produire plus. Produire plus. Produire plus .” disait Thomas Sankara. Et j’aimerais un President qui inspire son people ainsi. C’est tout ce que je voulais dire.
Pour le reste, personne ne prefererais un president “sans souci des autres creatures”. Pourquoi serait-il/elle meme president?
Quand vous affirmer etre capitaliste, or capitaliste egale amour excessif de l'argent, j'ai peur que l'ambition dont vous parlez ici ne soit celle de d'accumuler des avoirs, ignorant le bien etre des peuples comme le font tous les capitalistes. Viiiiiva President Mujica, VIVA!
RépondreSupprimerJe n'ai jamais affirme etre capitaliste. lisez entre les lignes, vous comprendrez plus. je ne suis non plus ni communiste, ni socialiste (je trouve tous ces termes un peu pejoratifs). je suis pro-croissance economique. je suis pro-travail. je suis pro-produire plus comme disait Sankara. il faut faire tout pour produire plus.
RépondreSupprimerMon cher UWAMAHORO, cela se voit que tu as été à l'école des blancs, on t'a inculqué les valeurs hypocrites qui sont les leurs et toi mon pauvre, avoir un ipad consititue pour toi le graal de l'ambition. Je te suggère de lire un certain Joseph Stiglitz, peut être que le monsieur t'apprendra qu'un autre monde est possible, et celui là est très loin de celui que tu nous chantes.
RépondreSupprimerThierry Uwamahoro, j'ai comme toi lu l'histoire du président Uruguay et force de constater que nulle part n'est écrit qu'il recommende son peuple à travailler moins. Le fait de dire qu'on n'a pas besoin de vivre une vie depensière n'est pas synonyme de travailler moins. Le fait de passer beaucoup de temps dans son champs ne veut pas dire qu'il ne travaille pas, un président a comme tout autre individu besoin de temps libre et il a droit de faire ce qu'il veut pour se détandre. Et si c'est dans son champs qu'il trouve sa serenité,je ne vois pas pourquoi il ne le ferait pas.
RépondreSupprimerJe suis d'accord avec toi quand tu dis qu' on a besoin de croissance économique pour améliorer notre niveau de vie, mais il y a des choses qui ne sont pas indispensable dans la vie. Si tu analyses le comportements des consommateurs tu remarquera qu'on achète des choses dont on n'a pas besoin. Prenez par exemple quelqu'un qui a déjà un Iphone 4S mais qui sent le besoin d'acheter l'Iphone 5 puisque c'est le dérnier cri. Des gens qui achètent constamment des vêtements alors qu'ils en ont assez. Une fille a dit un jour qu'elle ne peut en aucun cas portet le même habit dans deux différentes fêtes même si le temps qui s'écoulent entre les deux fêtes est de plus d'une année, et figurez-vous que c'est des habits qui ont une valeurs de 100 euros et plus. Tout ce comportement contribue à la dégradation de la nature (les vêtements sont fabriqués à l'aide des produits chimiques qui détruisent l'environnement et les ouvriers ;ex du Bangladesh. Je préfère un président qui se soucie du bien être de son peuple qu'un président qui vent tous les resources naturelles du pays à des personnes qui ont contribuer pendant sa campagne présidentielle.