Beaucoup d’esprits
respectables se sont exprimés sur “l’abrogation de la Constitution » en
cours. Ils ont dénoncé un projet de Constitution non consensuel, une dérive a
la Poutine et surtout un vice-président d’une ethnie différente de celle du
président mais qui n’aura (presque) aucun pouvoir.
Si beaucoup
d’activistes demandent de ne pas toucher au consensus d’Arusha, moi je
demanderai simplement de ne pas toucher à notre Constitution. Par expérience,
les pouvoirs qui changent les Constitutions, surtout en fin de mandat et
surtout en Afrique, cherchent à les
tailler à leur mesure. C’est ce que l’éditorialiste de Jeune Afrique a appelé
LE MAL AFRICAIN et c’est, je crois, ce qui est en train de nous arriver.
Beaucoup ont
dénoncé le danger qu’avec ce projet de révision de la Constitution une seule
ethnie veuille se donner carte blanche et faire passer les lois comment elle
l’entend. Moi je crois que le problème n’est pas du tout ethnique dans cette
affaire. Le problème est politique. Ceux qui ont le pouvoir veulent le
contrôler à leur guise, sans devoir tenir compte des considérations des autres
forces politiques. Là où ils se trompent, c’est qu’ils ne seront pas au pouvoir
indéfiniment. Le jour où ils seront dans
l’opposition, et que par la force de la Constitution qu’ils auront mis en place
ils constateront qu’ils n’ont aucune influence sur les décisions qui se
prennent, alors ils comprendront qu’ils ont fait une grosse bêtise.
Il faut trouver le
moyen d’arrêter cette mascarade. La stabilité d’un pays dépend aussi de la
stabilité du texte fondateur qu’est la Constitution. Le secret des grandes
démocraties, qui ont des Constitutions qui datent des siècles, est aussi dans
le fait qu’ils ont compris qu’ils n’ont pas intérêt à trop manipuler l’âme
d’une nation. La Constitution n’est pas un vulgaire papier qu’on peut froisser
impunément. La nôtre étant encore très jeune (elle n’a que moins de 10 ans), ayant
été le résultat du plus grand consensus possible, il n’y a pas de raison de la
torturer. Pas aujourd’hui.
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