A ceux qui demandent de larges consultations afin
que la Constitution révisée soit consensuelle, le gouvernement répond qu’il
compte amener le projet devant un référendum populaire. « Un référendum
est plus acceptable que tout autre débat », a même affirmé un lecteur de
notre blog. Ce qu’un autre lecteur en pense:
« Je
suis de l'avis que la consultation populaire par voie référendaire s'impose
comme un modèle de démocratie directe sur une question d'ampleur comme
amendement ou abrogation de la constitution. Néanmoins, force est de constater que
les réalités burundaises sont autres, car les citoyens sont instrumentalisés
autour des cliches divisionnistes qui ne rassurent pas nombre de citoyens.
Transposer alors des pratiques de consultation acceptable dans les sociétés
avancées dans un pays délabré par des crises de divisions politico-ethnique
s'annonce pour moi irrationnelle. Les politiciens et les acteurs de la société
civile, les congrégations religieuses, les syndicats des travailleurs et tout
autre citoyen libre sont les plus avisés car plus éclairés que le peuple qui
sombre encore dans l'obscurantisme et ignorance des modèles de
gouvernement ».
Un autre :
« Si
demain matin on appelait tous les burundais à voter pour ou contre cette
Constitution, je suis de ceux (et je parie une très grande majorité) qui ne
saurons pas ce que nous serons en train de voter. Chaque jour, j’apprends des
lacunes graves et des modifications très fantaisistes (qui sont peut être là
pour des intérêts sectaires inavoués) cachées dans ce projet; mais qui, a la
première lecture novice et naïve, paraissent inoffensives. Pour avoir un
referendum digne de son nom, il faut un large débat, il faut que ces/nos
politiciens et d’autres acteurs de la vie nationale (y compris des experts
constitutionalistes) en discutent (et publiquement), il faut une analyse
profonde de chaque modification pour que nous puissions comprendre ce que
chaque modification améliore ou nous coûte. Aujourd’hui, j’entends qu’on est en
train de raconter aux pauvres citoyens que voter pour serait voter pour la
gratuité des soins de santé et de la scolarité (alors que ça n’a rien à voir
!)…une telle démarche ne pourra que nous amener vers un abysse. Ouvrir le débat
serait une marque de bonne foi pour les instigateurs de cette modification et ne
pourra que contribuer à notre réconciliation nationale qui avance (et qu’il ne
faudrait pas saboter pour des intérêts de quelques politiciens)… »
En ce qui me concerne, je pense aussi que si la
Constitution doit être révisée (je suis de ceux qui pensent qu’il n’y a pas
urgence), un consensus est nécessaire d’abord chez les différents acteurs de la
vie publique, avant que le texte soit soumis au référendum. Sur un projet aussi
important, le peuple doit aussi s’exprimer. Mais au référendum, le peuple approuve
ou rejette ce qu’on lui donne. Et par expérience, le peuple burundais n’a
jamais dit NON au référendum, jamais. Ce qui veut dire que même aujourd’hui, la
probabilité que le peuple rejette un texte de loi, soit-il mauvais, est très
minime. Il faut donc être réaliste et honnête si nous voulons réellement un
texte qui favorise la cohésion sociale. Le dialogue a déjà tiré le Burundi des
décennies de guerre civile. Encore une fois, c’est lui qui nous sauvera.
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