Thierry
Uwamahoro
Thierry Uwamahoro |
Si on me demandait le
plus grand événement politique de l’année 2013 au Burundi, je citerai la déclaration
de la conférence des évêques catholiques du Burundi en rapport avec le projet
de modification de la Constitution. L’église du Pape François 1er, à
travers les voix toujours rassurantes et apaisantes de ses monseigneurs, est
sortie du silence pour dire qu’elle était carrément et catégoriquement du côté
du respect des Accords d’Arusha. Cette déclaration a changé la donne dans les
calculs du Cndd-Fdd et pourrait bientôt bloquer toute voie non-consensuelle de
modification de la Constitution.
Au départ, le Cndd-Fdd
avait deux voies de modification de la Constitution : l’assemblée
nationale ou un referendum populaire. Si l’assemblée nationale ne pouvait pas recueillir
les 4/5 de voies requises pour modifier la constitution, la voie référendaire
semblait plus sûre pour que le OUI l’emporte sur le NON. Etant donné la popularité
du Président Nkurunziza, l’implantation profonde du Cndd-Fdd, et la présence
des Imbonerakure pour « décourager » les prêcheurs du ‘non’, 50%+1
pour la modification de la constitution semblait une promenade au parc. Vous
vous rappellerez qu’Edouard Nduwimana avait d’ailleurs informé les bailleurs réuni
à Bujumbura que le gouvernement burundais avait déjà calculé le budget
nécessaire pour ce referendum.
Ça c’était avant l’entrée
de l’église catholique dans la danse.
Quoique géographiquement
hyper-présent sur le territoire burundais, le Cndd-Fdd sait très bien qu’il
dispose moins de permanences que les cathédrales, paroisses, succursales et
autres yagamukama de l’église
catholique. Allez à l’encontre de l’église catholique pourrait être un suicide
politique, surtout quand le message véhiculé par les évêques est un message de
PAIX : garder les Accords d’Arusha car ils sont les seuls à garantir la
paix tant chèrement acquise. Le Cndd-Fdd pouvait s’en foutre des propos de
l’ADC et de la société civile. Mais avec l’église catholique, la donne change
tout simplement, et complètement. Si le Cndd-Fdd tentait de forcer et qu’il
perdait le referendum, ça serait une douche froide qui aura même des répercussions
sérieuses pour 2015. L’apparence (fondée ou non) du Cndd- Fdd comme parti
politique imbattable disparaitrait avec la rosée du lendemain du referendum.
Or, il faut garder cette apparence.
Ainsi, il n’y a que la
voie de l’assemblée nationale qui reste. Là-bas, le Cndd-Fdd doit conjuguer
avec les autres groupes parlementaires. Il n’a pas cette majorité écrasante (si
pas arrogante) de bulldozer toute
opposition et de faire avaler amèrement ses propositions aux « mujeris » qui n’ont qu’à aboyer
quand la caravane à l’aigle noire passe.
Quatre voix protègent le consensus du 20 décembre. La force morale de
l’église catholique burundaise se trouve derrière les groupes parlementaires
qui cramponnent sur le respect des Accords d’Arusha pour la PAIX et la
RECONCILIATION et qui détiennent les quatre voix.
D’un coup, le
tout-puissant Cndd-Fdd se trouve coincé par l’église du Tout-Puissant.