par Thierry
Uwamahoro
Audace Bukuru. Source de la Photo Jeune Afrique |
Audace Bukuru inspire. Il
devient rapidement la référence pour un
leadership qui commençait à se rendre rare. Leader, bon gestionnaire ferme,
certains doutent même de ses exploits— tellement ils sont presque miraculeux.
L’entreprise dont il hérite la gestion en 2010 croulait sous «5 millions
d'euros de dettes et plus de 18 millions d'euros d'arriérés». Une année après, la Sosumo a «apuré toutes
ses dettes et a, en outre, versé 50 milliards de francs burundais (environ
28,2 millions d'euros) d'impôts et taxes au Trésor public... Ses bénéfices
nets atteignent 2,23 milliards de francs burundais en 2011 (contre
638 millions en 2010, soit une hausse de 250 %), un record depuis la
création de la société, en 1982», selon Jeune Afrique[i].
Curieusement, l’homme qui
a orchestré cette réussite presque miraculeuse doit se retrouver sous
protection policière. Sa vie est en danger. Il est menacé par des membres du
gouvernement Nkurunziza et quelques hauts cadres de la république. Motif ?
Mr. Bukuru, dans ses plans de redressement de la Sosumo, a eu l’audace de supprimer
«la tradition des sacs de sucre offerts, chaque mois, aux membres du
gouvernement et à quelques autres personnalités», nous rapporte Jeune Afrique.
Cette décision de
supprimer des sacs de sucre traditionnellement cédés gratuitement aux membres
du gouvernement sera «lourde de conséquences». Audace Bukuru recevra des
intimidations et des menaces. «Aujourd'hui,
des gardes sont commis à sa sécurité », renchérit Jeune Afrique. Mr.
Bukuru a pu tenir, dit-il, grâce au soutien du président de la république. Une
bonne chose ! Mais aussi un paradoxe car Mr. Bukuru s’était retrouvé sous
le harcèlement (si pas le terrorisme) des ministres de Nkurunziza. Un harcèlement qui doit avoir été jugé très
sérieux pour que notre ADG se retrouve sous garde rapprochée des forces de
sécurité.
Mais qui sont ces
personnes, ces membres du gouvernement, ces quelques personnalités de notre
république qui constituent cet axe du mal qui va jusqu’à mettre la vie d’un ADG
en danger pour une question de quelques sacs de sucre ? Existe-t-il un
groupe de puissants, bien payés, bien lotis, bien nourris, bien logés…bagipfukamyemunda ?
Pour la petite histoire,
l’Honorable Gabriel Ntisezerana (CNDD-FDD), deuxième vice-président de la
république sous le premier mandat de Nkurunziza (2005 à 2010) et président du
Senat sous le deuxième mandat clamait
haut et fort que la Sosumo se portait à merveille, en contradiction au ministre
du commerce de l’époque, Euphrasie Bigirimana (Frodebu), qui elle affirmait que
la santé de cette entreprise était déplorable[ii]. L’honorable Ntisezerana
qui est resté cité comme fournisseur d’engrais inefficace mais excessivement
cher à la Sosumo, avait probablement des intérêts personnels à protéger aux dépends
de l’intérêt national. Il faudra y revenir en ce moment que l’on veut faire
passer coûte que coûte un projet de constitution qui autorise au chef de l’Etat
burundais de faire des affaires privées lucratives durant l’exercice de son
mandat présidentiel.
[i] Burundi : carton plein pour l'audacieux Bukuru http://economie.jeuneafrique.com/regions/afrique-subsaharienne/12694-burundi--carton-plein-pour-laudacieux-bukuru.html
[ii] Faillite de la Sosumo : Ntisezerana tente de
s’expliquer sans convaincre http://www.arib.info/index.php?option=com_content&task=view&id=2609
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