Nestor Nkurunziza, journaliste,
pense que si le gouvernement du Burundi veut supprimer la bourse, c’est qu’il n’a peut-être pas de marge de manœuvre :
« Il y a 30 ans, le Président Bagaza avait voulu changer la bourse en prêt - bourse et qu'il avait dû faire marche arrière suite à la levée de boucliers chez les étudiants. Le Président Ndayizeye a en 2003 commencé à diminuer de 30% chaque année le budget social de l'enseignement supérieur. dix ans plus tard, on veut réaliser cela. la question est : "si vous étiez le Décideur, quelle mesure prendriez - vous, sur base de quels calculs?" l'économie burundaise est - elle capable de continuer à supporter les effectifs sans cesse croissants des étudiants? en 1985, nous étions 2000 étudiants avec une bourse de 7020 francs; en 2013, ils sont plus de 17000 bénéficiant d'une bourse de plus de 32000 francs... je suis pro-pauvres, mais je me demande quelle marge de manœuvre on a aujourd'hui. »
Dr Libérât Ntibashirakandi répond
qu’on devrait plutôt diminuer le train de vie des institutions pour soutenir la bourse
aux pauvres :
« C’est question de choix politique et de stratégies. Oui, les effectifs augmentent mais le budget ne suit pas. Pourquoi? Plutôt que supprimer la bourse des enfants démunis, la quasi totalité, je réduirai le nombre de parlementaires, le nombre de provinces, 4 au lieu de 18, je réduirai les avantages accordés aux anciens chefs d'état, etc. Toutes les économies seraient affectées à l'éducation et à la bourse des plus démunis presque tous les enfants des paysans ».
Thierry Uwamahoro abonde dans le même
sens :
« Comme disaient les fameux consultants de la campagne politique de Bill Clinton, it’s the economy stupid. Aussi longtemps que notre économie ne décolle pas, les gouvernants seront toujours poussés à faire des choix durs et impopulaires (insensés même). Le taux de croissance économique reste très faible et inférieur au taux de croissance démographique, ce qui d’ailleurs signifie que le Burundi s’appauvrit du jour au lendemain. Je crois que c’est dans ce contexte que s’explique cette suppression des bourses.
MAIS, comme l’a si bien dit le Dr Libérât, c’est aussi une question de choix. Nestor nous rappelle que cette bourse est à 32000 Fbu l’étudiant. Ce qui signifie un coût total d’autour de 4 million USD l’année. Curieusement, c’est autour de cette même somme que nous coûte notre fameux service national de renseignement. Aujourd’hui, plein de Burundais voteraient majoritairement OUI pour éliminer le SNR au lieu d’éliminer la bourse des étudiants. Ceci n’est qu’un exemple. On doit faire des choix et l’éducation d’un peuple doit être une priorité des priorités pour les dirigeants. D’ailleurs pour des sociétés ayant connu des injustices sociales, l’éducation est l’un des outils indispensables pour corriger les injustices du passé.
Très récemment, la banque mondiale recommandait au gouvernement du Burundi d’éliminer les exonérations inutiles. Pour citer une source plus sure, l’OBR estimait, en Septembre 2013, qu’à travers des exonérations inutiles, le trésor public perdait des revenues estimées à 24 milliards de FBu l’année; soit suffisamment d’argent pour payer les bourses de 117000 (cent dix-sept milles) étudiants! Et dire que la jeunesse des partis politiques passe le temps à s’entredéchirer…no kugemuriranira amazirantoke! Voici un terrain qui devrait les unir tous. C’est leur avenir qui est en danger. Par ailleurs, ces exonérations qui ne sont utilisées que par les plus riches des burundais (pour s’enrichir d’avantage) constituent une injustice sociale grave. C’est un transfert direct de richesse de la masse pauvre à une infime élite richissime (un point à débattre un autre jour) ».
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