jeudi 27 juin 2013

Retour au Burundi natal.

Maintenant que j’ai mon diplôme en poche, je peux préparer ma valise pour rentrer au Burundi natal. Quelqu’un a dit : « Quand ma mission sera terminé, je m’en irai ». Et moi ma mission dans ce pays est terminé, je peux retourner au bled. Quand je dis à mes amis que je rentre, on me demande souvent : TU RENTRES POUR DE BON ?  Je réponds souvent : jusqu'à nouvel ordre. Si une nouvelle mission m’appelle à l’étranger, je peux céder à la tentation. Sinon, je veux vivre et travailler dans mon pays. J’espère que je n’aurai pas à le fuir.

 On dit dans notre langue, amazi arashuha ntiyibagira ibumbeho (l’eau a beau s’échauffer, elle n’oublie pas son origine froide). J’ai beau m’habituer aux longs hivers froids et rigoureux, je n’oublie pas que moi aussi  je suis né quelque part, sous les tropiques. Il y a 6 ans que je n’ai pas vu ma famille, mes amis d’enfance, mes amis d’école. Je serai content de retrouver tous ces gens qui ont contribué à me façonner. Je serai content aussi de rencontrer beaucoup de Nouveaux Amis, ceux que j’ai connu grâce à facebook, à mon blog, ceux avec qui je partage la vision, les valeurs, le rêve, la passion et qui sont devenus par la force des choses de vrais amis.

Qu’est-ce que je vais faire ?
Comme tous ceux qui terminent les études, mon premier boulot consistera à chercher du travail. Dans les medias, à l’université, ou partout où je pourrais être utile. J’actualiserai chaque jour mon CV, je m’abonnerai à tous les journaux, j’écouterai tous les radios à l’affut d’un appel d’offre. Je chercherai stages et formations s’il le faut pour mettre plus de chances de mon côté. Je ne suis pas de ceux qui pensent qu’il faille absolument se soumettre à un certain parti politique pour trouver le travail qu’on veut. Qui cherche trouve, dit la Bible.

Je ne ferai pas de politique politicienne. Si je dois jouer un rôle dans la vie publique de mon pays, ce sera celui d’un veilleur, d’un témoin, d’un « spectateur engagé » comme dirait Raymond Aron. Je continuerai à écrire, à bloguer à mes heures perdues. Si le travail d’écrire pouvait me faire vivre, c’est sur que je ne ferais pas d’autre métier. Malheureusement chez nous, écrire n’est pas un métier, et les débouchés sont limités. J’espère donc trouver un poste d’enseignant dans une université pour rester dans l’environnement du travail intellectuel. D’ailleurs c’est ce que font les politologues : enseigner les théories politiques.

Bien sur je ne suis pas naïf, le travail intellectuel peut être dangereux dans notre pays où les lois restrictives se suivent les unes derrières les autres. On me le rappelle souvent. Les amis me disent de faire attention.  De créer d’abord une vie économique pour soi et d’attendre le bon moment pour « s’occuper  de ce foutu pays». De ne pas se mettre en danger. D’essayer de ne pas avoir des opinions nettes et claires. D’essayer de parler dans les lignes, genre umwansi aguhisha ko akwanka ukamuhisha ko ubizi.


En ce qui me concerne je chercherai toujours la vérité. La haine et l’injustice sont mes seuls ennemis.  Je m’occuperai toujours à la fois de ma vie et de la vie publique, les deux étant inséparables ou presque. Je publierai toujours mes opinions claires et nettes si je le juge utile. Je pense que c’est toujours le bon moment de défendre une cause qu’on juge noble.  Je compte rester moi-même dans mon pays ou ailleurs.


Mais j’ai un peu peur aussi. Peur de l’inconnu. A vrai dire, je ne sais pas ce qui m’attend. Apres un grand moment d’absence je serai à peu près un étranger. Mais je sais que l’être humain a de grandes capacités d’adaptation. Je sais aussi que je pourrai compter sur les gens qui me sont chers, c’est pourquoi je ne désespère pas.

2 commentaires:

  1. Tu as raison mon frère Jean Marie, il faut te préparer à saisir le taureau par les cornes. N'ayez pas peur de rentrer dans ton pays natal. La vie est dur je le sais et je l'expérimente plus que toi, mais Corneil avait raison de dire "A vaincre sans péril on triomphe sans gloire..." Autre chose, dans la vie tout n'est pas toujours rose comme dans un roman photo. Karibu ubone ico twagucuze. Mais courage ! courage ! Ton grand frère Mao !

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