mardi 19 novembre 2013

Quand l’Honorable Nduwimana se Déshonore dans le Mensonge





par Thierry Uwamahoro
«Edouard N (sic) ignore son rang protocolaire en tant que ministre de l'intérieur, arisunzuguza en s'attaquant aux individus qui s'expriment sur les sujets d'actualité qui sont gênant. Mr le ministre, il faut être au dessus de la mêlée, et éviter un militantisme à outrance», laisse entendre un certain Patrick N. dans un commentaire sur Facebook. Ce commentaire résume mieux les centaines de commentaires qui se lisent sur pas mal de réseaux sociaux où Burundais visualisent un nième vidéo des propos de l’honorable Edouard Nduwimana qui s’attaque à la personnalité de Pacifique Nininahazwe au lieu de répondre aux questions et doléances soulevées  par cet infatigable et courageux activiste de la société civile burundaise. 

La plupart des commentaires sur la dernière sortie médiatique de l’honorable Nduwimana se focalisent sur le caractère absurde et illogique des propos tenus par un homme du rang de ministre. Ses propos sont qualifiés de non-convaincants.  Mais au-delà, les propos de notre honorable ministre sont faux, archifaux et même mensongers. Revenons sur quelques phrases.

«Il n’est un secret pour personne. Ces gens on les voit muter d’une association à une autre, d’une organisation à une autre sachant que les organisations ont été agrées pour des objectifs différents. Mais on constante que ces gens ont toujours un même comportement, un même langage pour des associations dont les objectifs sont différents. Je vous dirai le cas du Focode.  Le cas du Focode, je ne le dirai jamais assez. Je crois que le représentant légal du Focode…en mutant du FORSC au Focode, en principe, s’il était de la société civile, devrait changer de langage.»
FAUX : ici, l’honorable Nduwimana nous présente un Pacifique Nininahazwe qui mute d’organisations en organisations qui n’ont rien de commun (ou presque). Mais la vérité est que Pacifique Nininahazwe, président fondateur du Focode (organisation créée en 2001) n’a jamais quitté cette association. Mr. Nininahazwe était au FORSC comme représentant du Focode (une association membre du FORSC) et a été élu pour deux mandats successifs comme délégué général du FORSC étant toujours président du Focode. Avons-nous un ministre qui vient de passer 8 ans à la tête du ministère de l’intérieur sans comprendre le fonctionnement des ASBL ? Pas mal des communiqués du FORSC du temps que Mr. Nininahazwe était son délégué général étaient aussi paraphé par le Focode. Que Mr. Nininahazwe tient un même langage quand il faut interpeler la conscience de nos dirigeants et du peuple Burundais ne devrait surprendre personne. Il est à parier que le président fondateur du Focode (Forum pour la Conscience et le Développement) – une organisation qui est une suite logique de l’organisation estudiantine ORECO (Organisation pour la Renaissance de la Conscience) dont Mr. Nininahazwe fonda quand il était encore élève au Lycée Rutana – comprend mieux les objectifs du Focode plus que notre cher honorable ministre. D’ailleurs l’honorable Nduwimana ne nous a pas encore dit quels sont les objectifs du Focode que Mr. Nininahazwe piétine.  Retenons que contrairement à ce que l’honorable Nduwimana veut nous faire croire, Mr. Nininahazwe n’a jamais quitté le Focode. Inutile de rappeler aussi que Mr. Nininahazwe reste Burundais quelle que soit l’organisation qu’il représente. 

« Focode n’est pas une organisation de la société civile, c’est carrément un parti politique.  Et de l’opposition.»
FAUX : Ceci ne devait même pas être commenté. Nous avons un Ministre de l’Intérieur qui a dans ses tiroirs les articles d’agreement du Focode comme association sans but lucratif (ASBL) mais qui prend le micro pour nous convaincre du contraire. Bizarre.

« Je crois qu’il a été même le premier à attaquer la révision de la constitution en alertant l’opinion qu’en révisant la Constitution, qu’en élaguant les dispositions transitoires c’est fini le mandat du président de la république on en discutera plus. De quel droit est-ce que Focode dont l’effectif se compte à peine à moins d’une centaine… vous comprenez que ce n’est pas une organisation de la société civile. »
FAUX  (et très dangereux comme propos d’un ministre): D’abord, pourquoi est-ce que notre honorable ministre doit mentir à l’opinion que le Focode compte moins de 100 membres au lieu de répondre aux questions posées par les membres du Focode (des burundais qui ont leurs pleins droits, quel que soit leur nombre) ? De passage, il faudrait préciser que le Focode existe depuis 2001 et que ne fut ce que la dernière classe des postulants à la qualité de membre du Focode qui vient de terminer sa formation citoyenne de 2 mois en Octobre dernier (une condition pour être admis au Focode) comptait 400 nouveaux membres! Mais au fond, ce ne sont pas les effectifs qui comptent, c’est plutôt la vigilance et qualité de la contribution du Focode au réveil des consciences burundaises et au développement qui comptent, puisque le Focode n’est pas à la conquête du pouvoir.

Mais pire est la conclusion que tire l’Honorable Nduwimana. Pour lui, puisque le Focode (ou son président) aurait été le premier à alerter l’opinion sur la révision de la constitution, il se disqualifie de son statut d’organisation de la société civile. Cette conclusion devrait nous amener à poser  pour une seconde et nous demander ce que réellement nos politiciens pensent de nous (nous, burundais lambda). Pour l’Honorable Nduwimana (et les autre politiciens qui pensent comme lui), la révision de la constitution – la loi fondamentale de la république –  devrait être un champ réservé aux seuls « politiciens », gare a qui d’autres veulent en dire quelque chose. Très dangereux comme propos d’un ministre.

Tout compte fait, quelque chose de positif est sorti de cette bisbille médiatique Nduwimana-Nininahazwe de la semaine passée. Trois heures après l’intervention médiatique d’un citoyen, un ministre s’est senti dans l’obligation de répondre. Soit l’activiste venait de toucher sur un point extrêmement sensible, soit la réaction du ministre nous montre un gouvernement qui commence à avoir peur de la vigilance de ses citoyens (cette peur expliquerait l’incohérence des propos et le recours aux mensonges pour le ministre en question). Rappelez-vous toujours de cette citation de Thomas Jefferson, un des pères fondateurs de la démocratie américaine et 3ème président des Etats Unis : «When the people fear the government there is tyranny, when the government fears the people there is liberty»  ou « Quand le peuple a peur du gouvernement, c’est la tyrannie. Quand le gouvernement a peur du peuple, c’est la liberté» (traduction libre).

Le Burundi a besoin de 9 millions de « Pacifique Nininahazwe », chacun dans son coin s’assurant que les affaires de la cité se gèrent de la manière dont elles sont supposées l’être. Si nous tous regardions et critiquions à la loupe tous les agissements de nos gouvernants, le Burundi progresserait exponentiellement. Nos gouvernants nous qualifieraient de politiciens, mais tant mieux. Nous rejetterions tous les propos mensongers qui déshonorent.

1 commentaire:

  1. Excellente analyse et contribution sociale , Merci beaucoup Mr Thierry de ton franc-parler , si tous les Burundais avaient une vision rassembleure et equitable , le Burundais prospereraient , mais les gens comme Nduwimana Edouard font la honte de notre societe comme tu l'a bien démontré, courage.

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