samedi 1 février 2014

L’UPRONA mène-t-elle sa dernière bataille ?



Le plus vieux parti du Burundi, l’UPRONA, traverse une crise sans précédent. Ses efforts de réunification sont en train d’être sabotés par le ministre de l’Intérieur, qui a décidé de remettre ce parti dans les mains de Bonaventure Niyoyankana, l’ancien président du parti aujourd’hui tombé dans la disgrâce. 

Les dirigeants de l’UPRONA avaient souvent accepté les combines du ministre de l’Intérieur, quand elles étaient conformes à leurs intérêts. Aujourd’hui, les choses sont allées trop loin. L’UPRONA était le dernier parti qui n’avait pas connu ce phénomène de Nyakurisation –nouvelle version de « diviser pour régner » fabriquée par le CNDD-FDD et dont le Ministre de l’Intérieur Edouard Nduwimana est le grand artisan.

Le parti UPRONA était déjà divisé, mais les causes de ses divisions étaient jusqu'à présent intérieur. Il n’y avait pas de main extérieure. L’UPRONA est traversée d’abord par une crise idéologique. Etant donné que la Constitution issue des Accords d’Arusha confère entre les lignes à l’UPRONA un grand rôle dans la gestion du pays, en tant que parti à majorité tutsi, beaucoup d’upronistes se demandaient sur quelles bases leur parti devait collaborer avec le CNDD-FDD au pouvoir et dont la politique n’est pas toujours conforme aux attentes du parti de Rwagasore. Cette question idéologique restant longtemps irrésolue, beaucoup de personnalités qui ont été choisis pour représenter le parti dans les institutions ont souvent préféré mettre de coté leurs soucis idéologiques et ont préféré garder leurs postes  et ne pas faire beaucoup de bruits sur leurs divergences avec le CNDD-FDD.  C’est dans ce contexte qu’est né le Courant de Réhabilitation, qui considérait que ceux qui représentaient le parti dans les institutions l’avaient trahi. 

Avec la venue de Charles Nditije à la tête de l’UPRONA, celui-ci a commencé à exprimer avec toutes ses énergies ses divergences avec le CNDD-FDD, notamment concernant la nouvelle loi sur la CNTB, dont tous les amendements proposés par l’UPRONA ont été systématiquement rejeté par les députés de son partenaire au gouvernement. Charles Nditije a donc séduit le courant de réhabilitation qui a vu en lui un homme qui n’est pas prêt à sacrifier l’idéologie du parti. En même temps, Charles Nditije est devenu l’homme à abattre pour le CNDD-FDD, qui a du mal à digérer son inflexibilité.  Tous les moyens donc étaient bons pour faire sauter Charles Nditije de la présidence de l’UPRONA.
Ce qui est nouveau dans cette Nyakurisation, c’est qu’elle attaque un parti partenaire avec le CNDD-FDD au gouvernement. Les partis qui en ont souffert au paravent étaient ouvertement de l’opposition. Cette attaque contre l’UPRONA est un signe que le CNDD-FDD est prêt  à tout pour arriver à ses objectifs, y compris à casser ses « amis ». Un manque de loyauté dont l’UPRONA devra prendre acte, en quittant le gouvernement par exemple. 

Malheureusement, il y aura toujours des gens pour jouer le jeu du « diviser pour régner ». Il y a eu le Docteur Jean-Minani pour le FRODEBU, maintenant il y a Bonaventure Niyoyankana pour l’UPRONA. Je n’arrive pas a comprendre comment un homme comme Niyoyankana, ancien président du parti, accepte de jouer un jeu ouvertement destructeur pour son parti. 

L’UPRONA, parti qui a cherché l’indépendance du Burundi, et qui a fait à une époque la pluie et le beau temps, est parvenu à survivre politiquement à tous les tsunami, pour le meilleur et pour le pire. Mène-t-il sa dernière bataille ? S’il survit à cette crise, il aura démontré qu’il est encore un grand parti.

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