‘Leur donner un peu de nourriture ne suffit pas.
Donnez l’éducation aux enfants de ces familles et vous aurez assuré leur
avenir ».
Ces mots sont ceux de la jeune Prix Nobel de la
Paix, la pakistanaise Malala Yousfzai, qui appelle
les leaders du monde à financer l’éducation des enfants refugiés.
Dans le même article, il est précisé que 80% des
enfants refugiés ne vont pas à l’école. C’est un sujet très important pour le
Burundi, qui a plus de 300.000 refugiés en ce moment, et dont la majorité, ca
va de soi, sont des jeunes. Je n’ai pas d’informations sur le pourcentage des
enfants refugiés burundais qui vont à l’école mais ca doit être dans les mêmes
proportions. Un ami refugié en Ouganda me disait que la grande majorité des
enfants burundais qui sont dans le camp de Nakivale ne vont pas à l’école.
C’est un désastre.
Je salue le courage de la Maison Shalom qui, selon
les informations qui me parviennent, fait ce qu’elle peut pour que le plus
possible de jeunes refugiés au Rwanda puissent continuer leurs études. Ce
serait une excellente chose s’il y avait des organisations comme Maison Shalom
dans tous les pays où il y a de fortes communautés de burundais refugiés, en
Tanzanie, en RD Congo, en Ouganda, en Zambie ou ailleurs.
Suivre l’exemple du Dalai Lama
Le Dalai Lama, qui est le chef spirituel du peuple tibétain,
a été contraint de s’exiler en Inde en 1959, alors que son pays venait d’être colonisé
par la Chine communiste de Mao Tse Tung. Quand il arrive en Inde, son objectif
est de se battre à l’ONU pour que la Communauté internationale reconnaisse l’indépendance
du Tibet et condamne l’invasion chinoise. Nehru, premier ministre de l’Inde lui
conseilla ceci : « La meilleure façon de faire avancer la question
tibétaine est, non pas à travers l'ONU, mais à travers la bonne éducation de
vos enfants ». Le Dalai Lama a retenu la leçon et il a décidé « se
concentrer à construire une forte communauté en exil pour que quand le moment
de rentrer viendrait, nous serions en mesure de reprendre notre vie en mains,
transformés par notre expérience ». Et cette transformation passait
par l’éducation et l’intégration des refugiés tibétains en Inde et dans d’autres
pays où ils se sont établis.
Cette leçon vaut également pour les Burundais en
exil aujourd’hui. L’erreur de mes compatriotes refugiés serait de penser qu’ils
rentreront bientôt. L’histoire a montré que l’exil peut durer très très
longtemps. Ces Tibétains qui sont partis en exil en 1959 (avant la naissance de
mon père) y sont toujours. Les refugiés burundais aujourd’hui ne passeront peut-être
pas 57 ans en exil mais ils doivent être prêts à y passer des dizaines d’années,
et si leurs enfants ne sont pas éduquées, c’est une génération de Burundais qui
sera perdue.
Je sais qu’il y a beaucoup de leaders politiques et
de la société civile en exil, je les appelle de toutes mes forces à se saisir
de cette question. Ils doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour aider
le plus possible de jeunes refugiés à continuer leurs études, du primaire à l’Université.
C’est aussi sur ce point que nous évaluerons leurs capacités à changer les
choses au Burundi.
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