Le Conseil de
Sécurité des Nations Unies vient de prolonger d’une année le mandat du Bureau
des Nations Unies au Burundi BINUB, contre le gré du gouvernement du Burundi
qui avait demandé la fin du mandat du BINUB.
Je salue cette décision. Le système des Nations Unies et les autres
acteurs de la communauté internationale ont joué le rôle de pompier depuis et
même avant les Accords d’Arusha. La communauté internationale est pour le
Burundi ce que l’hélicoptère-pompier rwandais a été pour le marché central de
Bujumbura en feu. L’hélicoptère rwandais est venu 6 heures après le début de
l’incendie, il n’a pas empêché le marché de se consumer mais sans lui d’autres
habitations auraient sans doute été décimés par le feu en colère. De la même
manière, la communauté internationale n’a pas empêché les 300 000 morts de
périr dans les guerres fratricides entre Burundais. Elle n’a pas empêché les
centaines de gens de périr des exécutions extrajudiciaires depuis 2010, mais sans
ses pressions et ses appels à l’ordre le bilan de ces crimes et de bien
d’autres maux aurait été plus importants.
C’est regrettable
que notre gouvernement attende toujours des pressions et des appels à l’ordre
de la communauté internationale pour respecter les droits humains, lutter
contre la corruption ou faire la justice, alors qu’il est le premier
responsable de protéger la vie de ses citoyens. C’est regrettable qu’on ne recoure
au dialogue que si la communauté internationale ne nous laisse pas de choix.
C’est regrettable que le pouvoir et les oppositions
ne parviennent pas à trouver un intérêt national commun qui pourrait être plus
fort que ce qui les divise. Normalement, les questions de droit de l’homme, de
respect de la vie et de la sécurité des citoyens devraient être des points qui
unissent les acteurs politiques et sociaux, au lieu d’être l’objet de
divisions.
La communauté
internationale reste le pompier étranger, qui vient à l’aide quand le mal est déjà
fait. Comme dirait le proverbe burundais : akimuhana kaza imvura ihise.
Le Burundi ne
sera une terre de paix, de justice, de liberté et de prospérité que si les
acteurs nationaux, et aux premières loges le gouvernement, soient eux-mêmes porteurs
de ces valeurs.
Il faudra penser à
alimenter nos propres pompiers en eau, au lieu d’attendre la venue des pompiers
étrangers 6 heures après l’incendie. Au sens propre comme au figuré.
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