vendredi 15 février 2013

La communauté internationale et le pompier étranger



Le Conseil de Sécurité des Nations Unies vient de prolonger d’une année le mandat du Bureau des Nations Unies au Burundi BINUB, contre le gré du gouvernement du Burundi qui avait demandé la fin du mandat du BINUB.  Je salue cette décision. Le système des Nations Unies et les autres acteurs de la communauté internationale ont joué le rôle de pompier depuis et même avant les Accords d’Arusha. La communauté internationale est pour le Burundi ce que l’hélicoptère-pompier rwandais a été pour le marché central de Bujumbura en feu. L’hélicoptère rwandais est venu 6 heures après le début de l’incendie, il n’a pas empêché le marché de se consumer mais sans lui d’autres habitations auraient sans doute été décimés par le feu en colère. De la même manière, la communauté internationale n’a pas empêché les 300 000 morts de périr dans les guerres fratricides entre Burundais. Elle n’a pas empêché les centaines de gens de périr des exécutions extrajudiciaires depuis 2010, mais sans ses pressions et ses appels à l’ordre le bilan de ces crimes et de bien d’autres maux aurait été plus importants.

C’est regrettable que notre gouvernement attende toujours des pressions et des appels à l’ordre de la communauté internationale pour respecter les droits humains, lutter contre la corruption ou faire la justice, alors qu’il est le premier responsable de protéger la vie de ses citoyens. C’est regrettable qu’on ne recoure au dialogue que si la communauté internationale ne nous laisse pas de choix.
 C’est regrettable que le pouvoir et les oppositions ne parviennent pas à trouver un intérêt national commun qui pourrait être plus fort que ce qui les divise. Normalement, les questions de droit de l’homme, de respect de la vie et de la sécurité des citoyens devraient être des points qui unissent les acteurs politiques et sociaux, au lieu d’être l’objet de divisions.

La communauté internationale reste le pompier étranger, qui vient à l’aide quand le mal est déjà fait. Comme dirait le proverbe burundais : akimuhana kaza imvura ihise.
Le Burundi ne sera une terre de paix, de justice, de liberté et de prospérité que si les acteurs nationaux, et aux premières loges le gouvernement, soient eux-mêmes porteurs de ces valeurs.
Il faudra penser à alimenter nos propres pompiers en eau, au lieu d’attendre la venue des pompiers étrangers 6 heures après l’incendie. Au sens propre comme au figuré.

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