Le lundi 28
janvier, j’ai été sollicité pour intervenir dans l'émission Forum jeunes animée
par Cynthia Ngendakuriyo sur la radio Isanganiro pour discuter de l'avenir du
monde des blogs et du rôle des blogueurs dans la société en général et au
Burundi en particulier, étant donné que les jeunes burundais sont très nombreux
actuellement à s'y lancer!
J’étais très
content puisque c’étais la première fois que j’étais sollicité pour intervenir
dans une émission de radio. Mais je paniquais aussi étant donné que le grand
timide que je suis n’est pas spécialement doué pour parler. Ce n’est pas rare
que je ne parvienne pas à exprimer ce que j’ai à cœur aussi bien que je
pourrais le faire par écrit.
Je remercie
Cynthia Ngendakuriyo et la radio Isanganiro de s’intéresser aux blogs. Il
parait que la radio Isanganiro va bientôt de plus en plus s'intéresser à ce qui
s’écrit et se dit sur les blogs et les réseaux sociaux. Une chronique sur ce
thème serait en cours de préparation!
Le fait que de
nombreux jeunes burundais s’intéressent à la blogosphère est selon moi une
bonne chose. Internet est devenu un outil incontournable de la liberté
d’expression.
Concernant le
rôle des blogueurs dans la société, ce n’est plus un secret à personne que les
blogueurs ont été les pionniers des révolutions arabes de 2011, surtout en
Tunisie et en Egypte, même si le résultat de ces révolutions est plus mitigé.
Ils ont appelé les citoyens à se rassembler à la place Tahrir, d’où ils ont
chassé le dictateur Hosni Mubarack. Grace aux blogs et aux réseaux sociaux,
devenu les seuls supports d’information que le pouvoir ne parvenait pas à
censurer, les Tunisiens sont descendu dans la rue et ont dit au dictateur Ben
Ali : « Dégagé ». Et il a dégagé.
Comme le dit bien
Lina ben Mhenni, ce ne sont pas les blogueurs ou facebook qui ont fait ces
révolutions, mais le peuple. Les blogueurs ont été les supports et les
catalyseurs du message. Ils n’avaient pas besoin de dire au peuple ce qu’il
devait faire. Comme le dit Jacques
Rancière, « Il n’y a jamais eu besoin d’expliquer à un travailleur ce qu’est
l’exploitation ». On pourrait paraphraser ce philosophe français et dire que
les blogueurs n’ont jamais eu besoin d’expliquer au peuple ce qu’était la
dictature arabe et comment s’en débarrasser. Ce serait tellement prétentieux
d’imaginer que je puisse m’asseoir confortablement devant mon écran et décréter
qu’un dictateur doit dégager pour qu’il le fasse. Le moment venu, quand le
peuple le juge nécessaire, il fait dégager son dictateur avec ou sans les
blogueurs ou facebook.
En Russie, ce
sont les blogueurs qui, avec les écrivains et les artistes, appellent
régulièrement les gens à manifester dans les rues de Moscou pour demander la
démocratisation du pays. Certains, et
surtout le plus célèbre d’entre eux Alexey Navalny, font régulièrement des
séjours en prison.
Au Burundi, le
rôle des blogueurs est encore marginal, tres marginal. La première raison à ca
est que l’accès à l’internet est encore un grand problème au Burundi. Même pour
les plus chanceux qui ont accès à internet, la connexion est tellement mauvaise
et tellement chère qu’on ne se connecte qu’en cas d’extrême nécessité, pour
lire ou écrire des messages et non pas consulter des putains de blogs. C’est
curieux par exemple de remarquer que, sur une centaine de gens qui visitent
chaque jour LE BURUNDI NOUVEAU, moins de 10 sont au Burundi alors que le public
cible est principalement burundais. Ca veut dire que mes lecteurs sont
principalement des burundais de la diaspora. Et la diaspora étant par
définition en dehors de son pays, ce n’est pas elle qui changera les choses au
Burundi, même si sa contribution dans la transformation du pays est et doit
être importante. Dans ces conditions, les blogueurs ne peuvent pas prétendre
jouer un grand rôle dans un pays comme le Burundi qui ne les connait pas. Mais
qui sait ce que sera le Burundi après 5 ou 10 ans ?
J’espère que la
prolifération des compagnies de téléphonie mobile qui proposent aussi internet
au Burundi et la venue des Smartphones (qui pour le moment restent
inaccessibles à la majorité des Burundais) permettra de rapprocher l’internet
aux burundais.
Quand la majorité
des Burundais auront accès à l’internet comme ils ont accès à la radio
aujourd’hui, les blogueurs auront un grand rôle à jouer. Mais ce n’est pas pour
demain.
Je vous ai dit
que je n’étais pas un bon parleur. J’aurais voulu dire ce que je viens d’écrire
pendant les 2 ou 3 qu’on m’a donné la parole à la fin de l’émission mais je
n’ai pas pu. Ma première médiatisation est donc ratée.
Ecouter l’émission
Forum jeune, 28 janvier 2013 http://www.isanganiro.org/spip.php?article3577
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