Dans l’émission Kabizi de la
Radio Publique Africaine du 23.5.2013, M. Faustin Ndikumana, président de l’Association
PARCEM (Parole et action pour le réveil des consciences et l’évolution des
mentalités) a souligné un phénomène qui
m’a interpellé à propos de notre classe politique. M. Ndikumana a l’impression
que les hommes politiques ont abandonné les questions économiques, sociales et
de gouvernance à la « société civile ». Les hommes politiques
burundais sont en train de parler des élections en permanence. Il ne comprend
pas comment, par exemple, les enseignants peuvent passer une semaine ou plus
dans une grève sans que les hommes politiques se saisissent de la question et y
proposent des solutions. Il rappelle que responsabilité des hommes politiques
est d’améliorer la condition de vie des citoyens. J’ajouterai que quand les
hommes politiques cessent de jouer ce rôle, ils ne sont plus d’aucune utilité.
Je suis totalement d’accord avec
M. Faustin Ndikumana. Tenez. Entre 2010 et 2015, les hommes politiques
Burundais burundais n’auront parlé que des élections. Ils ont déjà passé ces 3 dernières années à
parler des élections « truqués » de 2010. Maintenant qu’ils ont
compris qu’on ne peut pas revenir en arrière, c’est le moment de se préparer
aux élections de 2015, qui seront au centre du débat ces 2 prochaines années,
en témoigne le récent atelier de Kayanza.
C’est vrai que depuis 2010, le
contexte très tendu qui a poussé certains responsables politiques à prendre le
chemin de l’exil a poussé les partis d’opposition, menacés de plusieurs façons,
à se battre d’abord pour leur survie. On
ne peut pas le leur reprocher. Mais la politique, c’est d’abord s’oublier et
se battre pour les autres. C’est lutter pour que le chômeur trouve un emploi,
l’affamé à manger, le malade puisse se faire soigner et le pauvre ait
l’opportunité de scolariser son enfant et lui ouvrir un horizon vers le
futur. Mais la question qui se pose est
de savoir comment se battre pour l’émancipation des autres alors que sa propre
existence en tant qu’homme ou parti politique est menacée. Je n’arrive pas à
répondre à cette question et j’invite tout le monde à y réfléchir.
Malgré les conditions difficiles
dans lesquelles se trouvent les partis et hommes politiques, surtout de
l’opposition, rien n’excuse qu’ils se désintéressent des problèmes
sociaux-économiques de la majorité du citoyen, à savoir les remèdes à la
pauvreté et au chômage. Refuser de
répondre aux préoccupations des citoyens revient à mettre en cause la raison
d’être du parti ou de l’homme politique.
Rien de moi l’idée de légitimer
les persécutions que subissent les militants de certains partis, surtout de
l’opposition. Nous avons longuement dénoncée cette manière de faire la
politique basée sur le meurtre et la terreur et qui ne devrait pas avoir lieu
dans un pays civilisé comme le notre. Oui notre pays est civilisé et ceux qui
veulent exercer une certaine influence sur son destin doivent se comporter en
hommes civilisés, ce qui implique de ne se battre que par des idées.
Apres avoir longtemps dénoncé les
excès du pouvoir, il est temps de souligner que l’opposition est aussi
décevante sur bien de points. Les partis réunis dans l’ADC Ikibiri
continue de réclamer des négociations avec le gouvernement actuel pour
déverrouiller l'espace politique. On ne peut rien souhaiter de mieux qu’un
espace politique ouvert où tous peuvent trouver leur place et agir librement.
Mais le fait est qu’ils réclament des négociations depuis 3 ans, que le
Cndd-Fdd n’a aucun intérêt à le faire et que conséquemment il faut se préparer
à affronter PACIFIQUEMENT le Cndd-Fdd même si l'espace politique reste
verrouillée. Il faut le dire, l’opposition a encore un accès privilégié aux
medias, et au lieu d’y faire passer des propositions sérieuses pour améliorer
les conditions de vie des citoyens et incarner une alternative au CNDD-FDD, elle
ne s’exprime que pour souligner les injustices, souvent légitimes, dont elle
subit. J’ai l'impression que l'ADC Ikibiri oublie que la politique ce sont les
rapports de force et que réclamer en permanence des négociations finit par
paraitre pour un aveu de faiblesse. C'est comme s’ils étaient en train de mendier
et quand tu agis comme un mendiant ton interlocuteur te prends comme tel, à
savoir qu'il peut simplement t’ignorer. Bien sur, la politique ne se joue pas
qu’à la radio, elle se joue avant tout sur terrain. Mais je veux dire par là que
seul le peuple convaincra le pouvoir à déverrouiller l’espace politique, par un
vote-sanction ou par d’autres moyens legaux de résistance citoyenne.
Il est temps
d’oublier les négociations, de faire des
propositions concrètes, de convaincre les gens qu’à coté du parti au pouvoir il
y a une autre force politique à laquelle ils peuvent se tourner si la politique
du gouvernement ne convient pas. Mais
s’il n’y a aucun homme politique pour proposer un remède à la souffrance du
peuple, il n’y aura personne pour suivre des politiques qui ne font que
contester sans rien proposer.
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