3 Mai- Journée
mondiale de la liberté de la presse. Au Burundi, cette journée tombe mal
puisqu’elle trouve sur son chemin une loi qualifiée par les professionnels des
medias de « liberticide », en attendant la ratification par le président de la
République. Les journalistes, les
activistes de la société civile, les militants de l’opposition
s’activent de toutes leurs forces contre cette fameuse loi. Cette loi est comme
la peste : nous n’en mourrons pas mais tous seront frappés. Si elle est
promulguée, les journalistes qui le peuvent devront changer de profession, pour
ne pas prendre le risque d’aborder des sujets interdits par cette loi et de s’exposer à des amendes en millions, alors
que les plus chanceux d’entre eux ne dépassent pas 300 dollars de salaires. Les
medias qui veulent survivre devront faire comme Kabondo et ne diffuser que les
activités du président de la République.
Le sénateur
Gélase Ndabirabe a révélé aux yeux du monde l’esprit de cette loi : punir
les journalistes pour avoir continué à dénoncer les excès du pouvoir de
Bujumbura alors que l’opposition politique avait fui ou tombé dans la
clandestinité. Autrement dit, les journalistes doivent fermer leur gueule
ou être condamnés au trou.
Un commentateur
sur facebook a trouvé les mots pour analyser le phénomène: « Accuser les
journalistes d'être des opposants politiques montrent à suffisance que le fond
du problème avec les journalistes est qu'ils font très bien leur travail en
soulevant des informations gênantes pour le pouvoir en place quand tu étudies
le projet de loi sur la presse où le but n'est pas de corriger certaines
faiblesses professionnelles qui peuvent survenir chez les journalistes mais
plutôt le contrôle de leurs sources d'information ».
Ces ministres,
députés et sénateurs qui votent cette loi veulent protéger leur pouvoir à tout
prix. Mais ils ne resteront au pouvoir éternellement. Le jour où ils ne seront
plus au pouvoir cette loi les rattrapera puisque les journalistes n'en seront
pas les seules victimes. Ils n’auront pas de cadre d’expression et personne ne
se souciera des injustices qu’ils subiront. Mais il y a une autre
interprétation possible du comportement des élus qui votent une loi que tous
les concernés vomissent : ils sont jaloux. Oui, ils sont jaloux de la
liberté que jouissent journalisent puisqu’au CNDD-FDD ils sont comme en
prison : ils n’ont pas le droit d’avoir une opinion contraire à celui du
Conseil des Sages. On se souvient qu’au milieu du mois d’avril le président du
conseil des sages du CNDD-FDD Pierre Nkurunziza a rassemblé les élus de ce
parti où il a sévèrement réprimandé ceux qui ne sont pas favorables à son
projet de briguer un troisième mandat en les traitant de
« traitres ». Dans ce cas il devient compréhensible qu’au delà de la
solidarité à leur parti, les élus du CNDD-FDD ne supportent pas que les
journalistes puissent dire tout ce qu’ils veulent alors qu’eux-mêmes ne le
peuvent pas.
Damien Roulette a
récemment écrit un excellent article sur son blog où il se demande si la
Belgique reste la dernière chance pour les journalistes burundais (http://damienroulette.wordpress.com/2013/04/29/la-belgique-derniere-chance-pour-les-journalistes-burundais/). C’est vrai qu’au nom de la liberté
d’expression à laquelle ils sont attachés certains parlementaires et sénateurs
belges ainsi que certaines ONG internationales ont témoigné leur rejet de cette
loi « restrictive ». Mais il serait très imprudent que les
journalistes et les activistes burundais dorment sur leurs lauriers en
attendant que les diplomates fassent pression sur notre cher président pour lui
convaincre de ne pas ratifier cette loi. S’il est vrai que la diplomatie a joué
un grand rôle dans la libération du journaliste Hassan Ruvakuki, il est aussi
vrai que l’avenir de la liberté d’expression au Burundi dépend de jusqu’où les
activistes burundais sommes prêts à se battre pour préserver les acquis en
matières de libertés. C’est à nous d’en payer le prix, personne ne
le paiera à notre place.
Le problème au Burundi est que la société civile et les média sont dominés par les Bahima burundais. Pendant 40 ans, les Bahima burundais ont régné au Burundi. La dictature féroce des Bahima burundais (Micombero, Bagaza, Buyoya) a fait plus de 4.5 millions de victimes Bahutu Barundi.
RépondreSupprimerLes Bahima burundais ont perdu la guerre civile du Burundi (1993 à 2003).
Depuis, en 2005, des élections démocratiques ont eu lieu et les Bahutu Barundi sont revenu au pouvoir. C'est cela qui explique la charge des journalistes burundais (majoritairement des Bahima burundais) contre le régime Nkurunziza Pierre. Par exemple en moment les Bahutu Barundi commémorent le génocide régicide du Burundi mais rien ne filtre au niveau des médias (AFP, Reuter, RFI, Xinhua etc.). Il s'agit plus d'un mal tribal qu'autre chose ...
DAM
Burundi-agnews.org