vendredi 3 mai 2013

Journée mondiale d’une liberté de la presse menacée au Burundi.


3 Mai- Journée mondiale de la liberté de la presse. Au Burundi, cette journée tombe mal puisqu’elle trouve sur son chemin une loi qualifiée par les professionnels des medias de « liberticide », en attendant  la ratification par le président de la République. Les journalistes, les  activistes de la société civile, les militants de l’opposition s’activent de toutes leurs forces contre cette fameuse loi. Cette loi est comme la peste : nous n’en mourrons pas mais tous seront frappés. Si elle est promulguée, les journalistes qui le peuvent devront changer de profession, pour ne pas prendre le risque d’aborder des sujets interdits par cette loi et  de s’exposer à des amendes en millions, alors que les plus chanceux d’entre eux ne dépassent pas 300 dollars de salaires. Les medias qui veulent survivre devront faire comme Kabondo et ne diffuser que les activités du président de la République.

Le sénateur Gélase Ndabirabe a révélé aux yeux du monde l’esprit de cette loi : punir les journalistes pour avoir continué à dénoncer les excès du pouvoir de Bujumbura alors que l’opposition politique avait fui ou tombé dans la clandestinité. Autrement dit, les journalistes doivent fermer leur gueule ou être condamnés au trou.

Un commentateur sur facebook a trouvé les mots pour analyser le phénomène: « Accuser les journalistes d'être des opposants politiques montrent à suffisance que le fond du problème avec les journalistes est qu'ils font très bien leur travail en soulevant des informations gênantes pour le pouvoir en place quand tu étudies le projet de loi sur la presse où le but n'est pas de corriger certaines faiblesses professionnelles qui peuvent survenir chez les journalistes mais plutôt le contrôle de leurs sources d'information ».
Ces ministres, députés et sénateurs qui votent cette loi veulent protéger leur pouvoir à tout prix. Mais ils ne resteront au pouvoir éternellement. Le jour où ils ne seront plus au pouvoir cette loi les rattrapera puisque les journalistes n'en seront pas les seules victimes. Ils n’auront pas de cadre d’expression et personne ne se souciera des injustices qu’ils subiront. Mais il y a une autre interprétation possible du comportement des élus qui votent une loi que tous les concernés vomissent : ils sont jaloux. Oui, ils sont jaloux de la liberté que jouissent journalisent puisqu’au CNDD-FDD ils sont comme en prison : ils n’ont pas le droit d’avoir une opinion contraire à celui du Conseil des Sages. On se souvient qu’au milieu du mois d’avril le président du conseil des sages du CNDD-FDD Pierre Nkurunziza a rassemblé les élus de ce parti où il a sévèrement réprimandé ceux qui ne sont pas favorables à son projet de briguer un troisième mandat en les traitant de « traitres ». Dans ce cas il devient compréhensible qu’au delà de la solidarité à leur parti, les élus du CNDD-FDD ne supportent pas que les journalistes puissent dire tout ce qu’ils veulent alors qu’eux-mêmes ne le peuvent pas.  

Damien Roulette a récemment écrit un excellent article sur son blog où il se demande si la Belgique reste la dernière chance pour les journalistes burundais (http://damienroulette.wordpress.com/2013/04/29/la-belgique-derniere-chance-pour-les-journalistes-burundais/). C’est vrai qu’au nom de la liberté d’expression à laquelle ils sont attachés certains parlementaires et sénateurs belges ainsi que certaines ONG internationales ont témoigné leur rejet de cette loi « restrictive ». Mais il serait très imprudent que les journalistes et les activistes burundais dorment sur leurs lauriers en attendant que les diplomates fassent pression sur notre cher président pour lui convaincre de ne pas ratifier cette loi. S’il est vrai que la diplomatie a joué un grand rôle dans la libération du journaliste Hassan Ruvakuki, il est aussi vrai que l’avenir de la liberté d’expression au Burundi dépend de jusqu’où les activistes burundais sommes prêts à se battre pour préserver les acquis en matières de libertés.   C’est à nous d’en payer le prix, personne ne le paiera à notre place.

1 commentaire:

  1. Le problème au Burundi est que la société civile et les média sont dominés par les Bahima burundais. Pendant 40 ans, les Bahima burundais ont régné au Burundi. La dictature féroce des Bahima burundais (Micombero, Bagaza, Buyoya) a fait plus de 4.5 millions de victimes Bahutu Barundi.
    Les Bahima burundais ont perdu la guerre civile du Burundi (1993 à 2003).
    Depuis, en 2005, des élections démocratiques ont eu lieu et les Bahutu Barundi sont revenu au pouvoir. C'est cela qui explique la charge des journalistes burundais (majoritairement des Bahima burundais) contre le régime Nkurunziza Pierre. Par exemple en moment les Bahutu Barundi commémorent le génocide régicide du Burundi mais rien ne filtre au niveau des médias (AFP, Reuter, RFI, Xinhua etc.). Il s'agit plus d'un mal tribal qu'autre chose ...
    DAM
    Burundi-agnews.org

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