jeudi 13 juin 2013

Quelles priorités économiques: production agricole ou commerce international ?

A l’occasion du quatrième anniversaire du Mouvement pour la Solidarité et la Démocratie, son président Alexis Sinduhije a rappelé que l’une des principales priorités de son mouvement est la lutte contre la pauvreté qui doit passer par la production agricole. Commentant le volet économique du projet politique   du MSD, Martine Ngabirano, économiste et directrice de Zera Action, pense, elle, que les priorités du Burundi sont  l'investissement et le commerce international :
Martine Ngabirano
« J'ai lu les différentes politiques préconisées sur les axes de l'économie. Pour moi, le MSD est centré sur la variable "investissement" du PIB. C'est une bonne chose en effet. Je dois dire que c'est très actuel comme mesures et réfléchies en guise de proaction. Donc, c'est très bien. J'ai deux notes: personnellement, je ne crois pas que c'est important de beaucoup investir dans l'agriculture. Il faut vraiment d'abord que les métiers et les services puissent vraiment s'assoir afin de revenir traiter l'agriculture industrielle. Ceci pour dire, c'est une brève présentation faite sur cette question par rapport aux efforts évidents de promouvoir l'investissement. De deux, l'interventionnisme dont peut faire le gouvernement du MSD devra être suivi de près: le danger est que justement, à plus long terme, les Burundais ne dépendent de cet interventionnisme. Par exemple, réglementer le système bancaire et le l'aider de différentes manières (je résume ce que j'ai lu) devrait rentrer dans la responsabilité de la BRB (donc dans sa politique monétaire) et non suivit par le gouvernement. Je pense que c'est très important que la BRB reprenne son rôle de banque centrale vraiment, avec un suivi des devises clair (comme on le dit dans cette politique) mais aussi comme la banque des banques (résoudre l'insolvabilité même des banques et favoriser les banques commerciales plutôt que les banques financières).
C'est toujours dangereux à long terme parce que chaque économie se relance ainsi mais très rapidement, les gens veulent investir. Bref! Moi, comme simple économiste, je dirais à chaque personne qui aime son pays et qui est en politique de travailler sérieusement la politique du commerce international: c'est la 3 émet observation que j'ai faite sur cette présentation des actions du MSD. Le Burundi dépend beaucoup de l'étranger, tant en matière de balance commerciale que de balance des paiements (càd les investissements qui sont en devise au Burundi) Mais, moi je pense que très bientôt la balance des paiements va s'améliorer puisque les Burundais ont tendance désormais à venir investir à la maison. Il est donc désormais important de décider si oui ou non, nous allons être un importateur net et ainsi, savoir d'où nous viendront les recettes. Alors, si le biais causé par les erreurs des prédécesseurs ne gâche pas tout, moi je dirais que les priorités économiques du Burundi sont macro économiquement parlant: l'investissement et le commerce international. La production agricole n'est pas pour ma part, une priorité qu'il faut essayer de rétablir: soit on essaiera de nous nourrir à notre faim ou alors, on arrête de produire pour nous, et se concentrer qu'aux cultures industrielles.
Ce que je pense sur l'agriculture en général, en ce qui touche le Burundi, ça sera tellement beaucoup plus simple pour nous de faire comme le Sénégal: cibler l'autosuffisance alimentaire, dans certaines cultures, comme les cultures vivrières, c'est tout. Puis, pour les cultures industrielles, il faut être l'Inde, un peu le cerveau de créations de nouvelles semences. J'ai lu l'an dernier une critique gastronomique sur le café burundais et j'ai la chance de connaître quelqu'un de l'ARFIC (la société qui a remplacé l'OCIBU), les conclusions sont les mêmes: le café du laboratoire est très excellent et très parfait. Il ne devrait pas être vendu à n'importe qui, je veux dire il est comparable au thé rwandais que boit la reine d'Angleterre. On devrait vendre notre café à de grands hôtels, bref, revoir la politique de commerce international. Moi, je pense que nous ne devons pas nous suffire dans toutes les cultures, en ce qui concerne l'agriculture. Cultivons ce qu'on peut, faisons en sorte que les investissements rentrent beaucoup chez nous (donc les devises) puis achetons le reste!»

En ce qui me concerne, je pense que les trois volets de l’économie (agriculture, investissements et commerce) se complètent et qu’ils sont tous à promouvoir pour aboutir à l’émancipation politique et économique de notre pays.

3 commentaires:

  1. Je suis contre l'avis Madame Ingabire et je m'explique.

    Les théories sur le commerce international c'est bien mais est ce réalisable?

    On a une agriculture de subsistance qui occupe plus de 90% de la population... Alors comment faire rentrer tout ce monde dans une agriculture du marché international alors qu'on est même pas asse concurrentiel avec nos voisins de la régions.

    J'en disconvient pas sur ta stratégie avec le café; mais à qui profiteront les grandes recettes? Actuellement le simple paysans agriculteur qui cultive son café ne peut même pas s'en offrir une tasse de son produit après transformation car tellement il est cher... Et toi tu lui dis juste de ne cultiver cela et s'acheter le reste?

    Enfin je te dirait qu'aucun pays n'est parvenu à se développer sans une autosuffisance alimentaire; car avec l'expérience les mauvaises politiques sont imposé aux pays démunis de part leur dépendance de l'extérieur; surtout de l'importation des denrées alimentaires.

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  3. Pour un pays qui a une population à majorité paysanne, donc agricultrice à plus de 90%, toutes les théoriques classiques de développement ne sont prises en compte, tant que l'agriculture intégrée à l’élevage n'est pas le premier maillon de la chaine qui embranche le développement. Le surplus de l'agriculture de subsistance est mis sur le marché jusqu'à ouvrir l'opportunité d'exportation de la production. Il existe des théoriciens qui voudrait le développement par la spécialisation dans des produits plus productifs que d'autres selon les régions. Cela ne ferait que détruire les systèmes existants des exploitations agricoles axés sur la diversité de la production afin de subvenir aux besoins des ménages étendus sur l'année selon les saisons culturales.

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