A l’occasion du quatrième anniversaire du Mouvement pour la Solidarité et
la Démocratie, son président Alexis Sinduhije a rappelé que l’une des
principales priorités de son mouvement est la lutte contre la pauvreté qui doit
passer par la production agricole. Commentant le volet économique du projet politique du MSD,
Martine Ngabirano, économiste et directrice de Zera Action, pense, elle, que
les priorités du Burundi sont l'investissement
et le commerce international :
Martine Ngabirano |
« J'ai lu les différentes politiques préconisées sur les
axes de l'économie. Pour moi, le MSD est centré sur la variable
"investissement" du PIB. C'est une bonne chose en effet. Je dois dire
que c'est très actuel comme mesures et réfléchies en guise de proaction. Donc,
c'est très bien. J'ai deux notes: personnellement, je ne crois pas que c'est
important de beaucoup investir dans l'agriculture. Il faut vraiment d'abord que
les métiers et les services puissent vraiment s'assoir afin de revenir traiter
l'agriculture industrielle. Ceci pour dire, c'est une brève présentation faite
sur cette question par rapport aux efforts évidents de promouvoir
l'investissement. De deux, l'interventionnisme dont peut faire le gouvernement
du MSD devra être suivi de près: le danger est que justement, à plus long
terme, les Burundais ne dépendent de cet interventionnisme. Par exemple,
réglementer le système bancaire et le l'aider de différentes manières (je
résume ce que j'ai lu) devrait rentrer dans la responsabilité de la BRB (donc
dans sa politique monétaire) et non suivit par le gouvernement. Je pense que
c'est très important que la BRB reprenne son rôle de banque centrale vraiment,
avec un suivi des devises clair (comme on le dit dans cette politique) mais
aussi comme la banque des banques (résoudre l'insolvabilité même des banques et
favoriser les banques commerciales plutôt que les banques financières).
C'est toujours dangereux à long terme
parce que chaque économie se relance ainsi mais très rapidement, les gens
veulent investir. Bref! Moi, comme simple économiste, je dirais à chaque
personne qui aime son pays et qui est en politique de travailler sérieusement
la politique du commerce international: c'est la 3 émet observation que j'ai
faite sur cette présentation des actions du MSD. Le Burundi dépend beaucoup de
l'étranger, tant en matière de balance commerciale que de balance des paiements
(càd les investissements qui sont en devise au Burundi) Mais, moi je pense que
très bientôt la balance des paiements va s'améliorer puisque les Burundais ont
tendance désormais à venir investir à la maison. Il est donc désormais
important de décider si oui ou non, nous allons être un importateur net et
ainsi, savoir d'où nous viendront les recettes. Alors, si le biais causé par
les erreurs des prédécesseurs ne gâche pas tout, moi je dirais que les
priorités économiques du Burundi sont macro économiquement parlant:
l'investissement et le commerce international. La production agricole n'est pas
pour ma part, une priorité qu'il faut essayer de rétablir: soit on essaiera de
nous nourrir à notre faim ou alors, on arrête de produire pour nous, et se
concentrer qu'aux cultures industrielles.
Ce que je pense sur l'agriculture en général, en ce qui touche le Burundi,
ça sera tellement beaucoup plus simple pour nous de faire comme le Sénégal:
cibler l'autosuffisance alimentaire, dans certaines cultures, comme les
cultures vivrières, c'est tout. Puis, pour les cultures industrielles, il faut
être l'Inde, un peu le cerveau de créations de nouvelles semences. J'ai lu l'an
dernier une critique gastronomique sur le café burundais et j'ai la chance de
connaître quelqu'un de l'ARFIC (la société qui a remplacé l'OCIBU), les
conclusions sont les mêmes: le café du laboratoire est très excellent et très
parfait. Il ne devrait pas être vendu à n'importe qui, je veux dire il est
comparable au thé rwandais que boit la reine d'Angleterre. On devrait vendre
notre café à de grands hôtels, bref, revoir la politique de commerce
international. Moi, je pense que nous ne devons pas nous suffire dans toutes
les cultures, en ce qui concerne l'agriculture. Cultivons ce qu'on peut,
faisons en sorte que les investissements rentrent beaucoup chez nous (donc les devises)
puis achetons le reste!»
Je suis contre l'avis Madame Ingabire et je m'explique.
RépondreSupprimerLes théories sur le commerce international c'est bien mais est ce réalisable?
On a une agriculture de subsistance qui occupe plus de 90% de la population... Alors comment faire rentrer tout ce monde dans une agriculture du marché international alors qu'on est même pas asse concurrentiel avec nos voisins de la régions.
J'en disconvient pas sur ta stratégie avec le café; mais à qui profiteront les grandes recettes? Actuellement le simple paysans agriculteur qui cultive son café ne peut même pas s'en offrir une tasse de son produit après transformation car tellement il est cher... Et toi tu lui dis juste de ne cultiver cela et s'acheter le reste?
Enfin je te dirait qu'aucun pays n'est parvenu à se développer sans une autosuffisance alimentaire; car avec l'expérience les mauvaises politiques sont imposé aux pays démunis de part leur dépendance de l'extérieur; surtout de l'importation des denrées alimentaires.
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerPour un pays qui a une population à majorité paysanne, donc agricultrice à plus de 90%, toutes les théoriques classiques de développement ne sont prises en compte, tant que l'agriculture intégrée à l’élevage n'est pas le premier maillon de la chaine qui embranche le développement. Le surplus de l'agriculture de subsistance est mis sur le marché jusqu'à ouvrir l'opportunité d'exportation de la production. Il existe des théoriciens qui voudrait le développement par la spécialisation dans des produits plus productifs que d'autres selon les régions. Cela ne ferait que détruire les systèmes existants des exploitations agricoles axés sur la diversité de la production afin de subvenir aux besoins des ménages étendus sur l'année selon les saisons culturales.
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