Maintenant que
j’ai mon diplôme en poche, je peux préparer ma valise pour rentrer au Burundi
natal. Quelqu’un a dit : « Quand ma mission sera terminé, je m’en
irai ». Et moi ma mission dans ce pays est terminé, je peux retourner au
bled. Quand je dis à mes amis que je rentre, on me demande souvent : TU
RENTRES POUR DE BON ? Je réponds
souvent : jusqu'à nouvel ordre. Si une nouvelle mission m’appelle à
l’étranger, je peux céder à la tentation. Sinon, je veux vivre et travailler
dans mon pays. J’espère que je n’aurai pas à le fuir.
On dit dans notre langue, amazi arashuha
ntiyibagira ibumbeho (l’eau a beau s’échauffer, elle n’oublie pas son origine
froide). J’ai beau m’habituer aux longs hivers froids et rigoureux, je n’oublie
pas que moi aussi je suis né quelque
part, sous les tropiques. Il y a 6 ans que je n’ai pas vu ma famille, mes amis
d’enfance, mes amis d’école. Je serai content de retrouver tous ces gens qui
ont contribué à me façonner. Je serai content aussi de rencontrer beaucoup de
Nouveaux Amis, ceux que j’ai connu grâce à facebook, à mon blog, ceux avec qui
je partage la vision, les valeurs, le rêve, la passion et qui sont devenus par
la force des choses de vrais amis.
Qu’est-ce que je
vais faire ?
Comme tous ceux
qui terminent les études, mon premier boulot consistera à chercher du travail.
Dans les medias, à l’université, ou partout où je pourrais être utile. J’actualiserai
chaque jour mon CV, je m’abonnerai à tous les journaux, j’écouterai tous les
radios à l’affut d’un appel d’offre. Je chercherai stages et formations s’il le
faut pour mettre plus de chances de mon côté. Je ne suis pas de ceux qui
pensent qu’il faille absolument se soumettre à un certain parti politique pour
trouver le travail qu’on veut. Qui cherche trouve, dit la Bible.
Je ne ferai pas
de politique politicienne. Si je dois jouer un rôle dans la vie publique de mon
pays, ce sera celui d’un veilleur, d’un témoin, d’un « spectateur
engagé » comme dirait Raymond Aron. Je continuerai à écrire, à bloguer à
mes heures perdues. Si le travail d’écrire pouvait me faire vivre, c’est sur
que je ne ferais pas d’autre métier. Malheureusement chez nous, écrire n’est
pas un métier, et les débouchés sont limités. J’espère donc trouver un poste
d’enseignant dans une université pour rester dans l’environnement du travail
intellectuel. D’ailleurs c’est ce que font les politologues : enseigner
les théories politiques.
Bien sur je ne
suis pas naïf, le travail intellectuel peut être dangereux dans notre pays où
les lois restrictives se suivent les unes derrières les autres. On me le
rappelle souvent. Les amis me disent de faire attention. De créer d’abord une vie économique pour soi
et d’attendre le bon moment pour « s’occuper de ce foutu pays». De ne pas se mettre en danger.
D’essayer de ne pas avoir des opinions nettes et claires. D’essayer de parler
dans les lignes, genre umwansi aguhisha ko akwanka ukamuhisha ko ubizi.
En ce qui me
concerne je chercherai toujours la vérité. La haine et l’injustice sont mes
seuls ennemis. Je m’occuperai toujours à
la fois de ma vie et de la vie publique, les deux étant inséparables ou
presque. Je publierai toujours mes opinions claires et nettes si je le juge
utile. Je pense que c’est toujours le bon moment de défendre une cause qu’on
juge noble. Je compte rester moi-même
dans mon pays ou ailleurs.
Mais j’ai un peu
peur aussi. Peur de l’inconnu. A vrai dire, je ne sais pas ce qui m’attend.
Apres un grand moment d’absence je serai à peu près un étranger. Mais je sais
que l’être humain a de grandes capacités d’adaptation. Je sais aussi que je
pourrai compter sur les gens qui me sont chers, c’est pourquoi je ne désespère
pas.
Tu as raison mon frère Jean Marie, il faut te préparer à saisir le taureau par les cornes. N'ayez pas peur de rentrer dans ton pays natal. La vie est dur je le sais et je l'expérimente plus que toi, mais Corneil avait raison de dire "A vaincre sans péril on triomphe sans gloire..." Autre chose, dans la vie tout n'est pas toujours rose comme dans un roman photo. Karibu ubone ico twagucuze. Mais courage ! courage ! Ton grand frère Mao !
RépondreSupprimerhaha merci Mao.
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