vendredi 22 novembre 2013

Quid du référendum ?




A ceux qui demandent de larges consultations afin que la Constitution révisée soit consensuelle, le gouvernement répond qu’il compte amener le projet devant un référendum populaire. « Un référendum est plus acceptable que tout autre débat », a même affirmé un lecteur de notre blog. Ce qu’un autre lecteur en pense:

« Je suis de l'avis que la consultation populaire par voie référendaire s'impose comme un modèle de démocratie directe sur une question d'ampleur comme amendement ou abrogation de la constitution. Néanmoins, force est de constater que les réalités burundaises sont autres, car les citoyens sont instrumentalisés autour des cliches divisionnistes qui ne rassurent pas nombre de citoyens. Transposer alors des pratiques de consultation acceptable dans les sociétés avancées dans un pays délabré par des crises de divisions politico-ethnique s'annonce pour moi irrationnelle. Les politiciens et les acteurs de la société civile, les congrégations religieuses, les syndicats des travailleurs et tout autre citoyen libre sont les plus avisés car plus éclairés que le peuple qui sombre encore dans l'obscurantisme et ignorance des modèles de gouvernement ».

Un autre :
« Si demain matin on appelait tous les burundais à voter pour ou contre cette Constitution, je suis de ceux (et je parie une très grande majorité) qui ne saurons pas ce que nous serons en train de voter. Chaque jour, j’apprends des lacunes graves et des modifications très fantaisistes (qui sont peut être là pour des intérêts sectaires inavoués) cachées dans ce projet; mais qui, a la première lecture novice et naïve, paraissent inoffensives. Pour avoir un referendum digne de son nom, il faut un large débat, il faut que ces/nos politiciens et d’autres acteurs de la vie nationale (y compris des experts constitutionalistes) en discutent (et publiquement), il faut une analyse profonde de chaque modification pour que nous puissions comprendre ce que chaque modification améliore ou nous coûte. Aujourd’hui, j’entends qu’on est en train de raconter aux pauvres citoyens que voter pour serait voter pour la gratuité des soins de santé et de la scolarité (alors que ça n’a rien à voir !)…une telle démarche ne pourra que nous amener vers un abysse. Ouvrir le débat serait une marque de bonne foi pour les instigateurs de cette modification et ne pourra que contribuer à notre réconciliation nationale qui avance (et qu’il ne faudrait pas saboter pour des intérêts de quelques politiciens)… »

En ce qui me concerne, je pense aussi que si la Constitution doit être révisée (je suis de ceux qui pensent qu’il n’y a pas urgence), un consensus est nécessaire d’abord chez les différents acteurs de la vie publique, avant que le texte soit soumis au référendum. Sur un projet aussi important, le peuple doit aussi s’exprimer. Mais au référendum, le peuple approuve ou rejette ce qu’on lui donne. Et par expérience, le peuple burundais n’a jamais dit NON au référendum, jamais. Ce qui veut dire que même aujourd’hui, la probabilité que le peuple rejette un texte de loi, soit-il mauvais, est très minime. Il faut donc être réaliste et honnête si nous voulons réellement un texte qui favorise la cohésion sociale. Le dialogue a déjà tiré le Burundi des décennies de guerre civile. Encore une fois, c’est lui qui nous sauvera.

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