vendredi 22 novembre 2013

Le mal africain dans nos murs



Beaucoup d’esprits respectables se sont exprimés sur “l’abrogation de la Constitution » en cours. Ils ont dénoncé un projet de Constitution non consensuel, une dérive a la Poutine et surtout un vice-président d’une ethnie différente de celle du président mais qui n’aura (presque) aucun pouvoir. 

Si beaucoup d’activistes demandent de ne pas toucher au consensus d’Arusha, moi je demanderai simplement de ne pas toucher à notre Constitution. Par expérience, les pouvoirs qui changent les Constitutions, surtout en fin de mandat et surtout en Afrique, cherchent à  les tailler à leur mesure. C’est ce que l’éditorialiste de Jeune Afrique a appelé LE MAL AFRICAIN et c’est, je crois, ce qui est en train de nous arriver. 

Beaucoup ont dénoncé le danger qu’avec ce projet de révision de la Constitution une seule ethnie veuille se donner carte blanche et faire passer les lois comment elle l’entend. Moi je crois que le problème n’est pas du tout ethnique dans cette affaire. Le problème est politique. Ceux qui ont le pouvoir veulent le contrôler à leur guise, sans devoir tenir compte des considérations des autres forces politiques. Là où ils se trompent, c’est qu’ils ne seront pas au pouvoir indéfiniment.  Le jour où ils seront dans l’opposition, et que par la force de la Constitution qu’ils auront mis en place ils constateront qu’ils n’ont aucune influence sur les décisions qui se prennent, alors ils comprendront qu’ils ont fait une grosse bêtise. 

Il faut trouver le moyen d’arrêter cette mascarade. La stabilité d’un pays dépend aussi de la stabilité du texte fondateur qu’est la Constitution. Le secret des grandes démocraties, qui ont des Constitutions qui datent des siècles, est aussi dans le fait qu’ils ont compris qu’ils n’ont pas intérêt à trop manipuler l’âme d’une nation. La Constitution n’est pas un vulgaire papier qu’on peut froisser impunément. La nôtre étant encore très jeune (elle n’a que moins de 10 ans), ayant été le résultat du plus grand consensus possible, il n’y a pas de raison de la torturer. Pas aujourd’hui.  

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