lundi 30 décembre 2013

L’université interdite aux… pauvres



L’une des principales décisions que le pouvoir DD a prises depuis le premier jour de son mandat en 2005 est la gratuité de l’enseignement primaire. Avec la gratuité des soins de santé pour les femmes enceintes, cette mesure a été positivement salué par tous les publics confondus, malgré certaines critiques du coté qualité et les conditions dans lesquelles étudient beaucoup d’élèves devenus trop nombreux dans les classes.
L’école fondamentale, très critiquée, a été expliquée par ses prometteurs  comme un projet visant a professionnaliser l’enseignement de base et a permettre aux élèves qui terminent la neuvième classe de se doter d’un savoir-faire afin qu’ils puissent se créer des emplois. 

Si l’intention est bonne dans les deux cas que je viens de citer, le projet du gouvernement de supprimer la bourse aux étudiants est moins louable. Sachant les conditions de vie de la majorité des familles burundaises, on est tout a fait sur que les enfants des familles ne remettront plus les pieds a l’université si on leur coupe la bourse. Je me souviens d’une discussion que j’ai eue avec Thierry Uwamahoro, quand la décision a été prise que la majorité de ceux qui seront permis d’entrer a l’université n’auront pas droit de fréquenter l’univ publique, donc a la bourse (sur 17 000 étudiants qui vont entrer a l’université, seuls 4000 auront droit a la bourse cette année).A l ;époque, pour soutenir les étudiants pauvres qui ne pourront pas se payer les services des universités privées, je proposais qu’il y ait la création d’un prêt étudiant. Thierry Uwamahoro me répondait que les banques n’accepteront jamais de prêter aux étudiants burundais puisqu’ils n’auront pas de garantie que ceux-ci pourraient rembourser à la fin de leurs études. En effet, compte tenu de la situation actuelle des choses, l’étudiant n’a aucune garantie de trouver un emploi a la fin de ses études, et même si il trouvait, le salaire lui permettrait de vivoter, non pas de rembourser quelque prêt que ce soit. 

C’est donc avec amertume que je réalise que si une telle mesure avait été prise à l’époque où je suis entré à l’université, je n’aurais jamais mis les pieds dans un amphithéâtre. La nouvelle génération des étudiants est-elle damnée, condamnée à renoncer aux études supérieures, voire à hypothéquer leur avenir ?   Vous me répondrez que les études ne garantissent plus une vie aisée, mais tout de même ! Tous les enfants du Burundi devraient avoir l’opportunité de faire des études supérieurs.  

Comme l’a dit la journaliste de la radio scolaire Nderagakura, le maxime de mauvais gout « abize bize kera » va devenir réalité si la bourse est supprimée. De quoi enjoliver les enfants de l’élite d’hier et d’aujourd’hui, donc des "abize kare" qui pourra se reproduire à l’ infini sans redouter la concurrence des enfants des pauvres. Je n’aurais jamais cru qu’une politique anti-pauvres viendrait du gouvernement du CNDD-FDD qui pourtant fait croire qu’il est du coté des défavorisés.

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