vendredi 1 février 2013

Quel rôle des blogueurs dans la société et au Burundi ?



Le lundi 28 janvier, j’ai été sollicité pour intervenir dans l'émission Forum jeunes animée par Cynthia Ngendakuriyo sur la radio Isanganiro pour discuter de l'avenir du monde des blogs et du rôle des blogueurs dans la société en général et au Burundi en particulier, étant donné que les jeunes burundais sont très nombreux actuellement à s'y lancer!
J’étais très content puisque c’étais la première fois que j’étais sollicité pour intervenir dans une émission de radio. Mais je paniquais aussi étant donné que le grand timide que je suis n’est pas spécialement doué pour parler. Ce n’est pas rare que je ne parvienne pas à exprimer ce que j’ai à cœur aussi bien que je pourrais le faire par écrit.
Je remercie Cynthia Ngendakuriyo et la radio Isanganiro de s’intéresser aux blogs. Il parait que la radio Isanganiro va bientôt de plus en plus s'intéresser à ce qui s’écrit et se dit sur les blogs et les réseaux sociaux. Une chronique sur ce thème serait en cours de préparation!
Le fait que de nombreux jeunes burundais s’intéressent à la blogosphère est selon moi une bonne chose. Internet est devenu un outil incontournable de la liberté d’expression.
Concernant le rôle des blogueurs dans la société, ce n’est plus un secret à personne que les blogueurs ont été les pionniers des révolutions arabes de 2011, surtout en Tunisie et en Egypte, même si le résultat de ces révolutions est plus mitigé. Ils ont appelé les citoyens à se rassembler à la place Tahrir, d’où ils ont chassé le dictateur Hosni Mubarack. Grace aux blogs et aux réseaux sociaux, devenu les seuls supports d’information que le pouvoir ne parvenait pas à censurer, les Tunisiens sont descendu dans la rue et ont dit au dictateur Ben Ali : « Dégagé ». Et il a dégagé.
Comme le dit bien Lina ben Mhenni, ce ne sont pas les blogueurs ou facebook qui ont fait ces révolutions, mais le peuple. Les blogueurs ont été les supports et les catalyseurs du message. Ils n’avaient pas besoin de dire au peuple ce qu’il devait faire.  Comme le dit Jacques Rancière, « Il n’y a jamais eu besoin d’expliquer à un travailleur ce qu’est l’exploitation ». On pourrait paraphraser ce philosophe français et dire que les blogueurs n’ont jamais eu besoin d’expliquer au peuple ce qu’était la dictature arabe et comment s’en débarrasser. Ce serait tellement prétentieux d’imaginer que je puisse m’asseoir confortablement devant mon écran et décréter qu’un dictateur doit dégager pour qu’il le fasse. Le moment venu, quand le peuple le juge nécessaire, il fait dégager son dictateur avec ou sans les blogueurs ou facebook.
En Russie, ce sont les blogueurs qui, avec les écrivains et les artistes, appellent régulièrement les gens à manifester dans les rues de Moscou pour demander la démocratisation du pays.  Certains, et surtout le plus célèbre d’entre eux Alexey Navalny, font régulièrement des séjours en prison.
Au Burundi, le rôle des blogueurs est encore marginal, tres marginal. La première raison à ca est que l’accès à l’internet est encore un grand problème au Burundi. Même pour les plus chanceux qui ont accès à internet, la connexion est tellement mauvaise et tellement chère qu’on ne se connecte qu’en cas d’extrême nécessité, pour lire ou écrire des messages et non pas consulter des putains de blogs. C’est curieux par exemple de remarquer que, sur une centaine de gens qui visitent chaque jour LE BURUNDI NOUVEAU, moins de 10 sont au Burundi alors que le public cible est principalement burundais. Ca veut dire que mes lecteurs sont principalement des burundais de la diaspora. Et la diaspora étant par définition en dehors de son pays, ce n’est pas elle qui changera les choses au Burundi, même si sa contribution dans la transformation du pays est et doit être importante. Dans ces conditions, les blogueurs ne peuvent pas prétendre jouer un grand rôle dans un pays comme le Burundi qui ne les connait pas. Mais qui sait ce que sera le Burundi après 5 ou 10 ans ?
J’espère que la prolifération des compagnies de téléphonie mobile qui proposent aussi internet au Burundi et la venue des Smartphones (qui pour le moment restent inaccessibles à la majorité des Burundais) permettra de rapprocher l’internet aux burundais.
Quand la majorité des Burundais auront accès à l’internet comme ils ont accès à la radio aujourd’hui, les blogueurs auront un grand rôle à jouer. Mais ce n’est pas pour demain.
Je vous ai dit que je n’étais pas un bon parleur. J’aurais voulu dire ce que je viens d’écrire pendant les 2 ou 3 qu’on m’a donné la parole à la fin de l’émission mais je n’ai pas pu. Ma première médiatisation est donc ratée.    
Ecouter l’émission Forum jeune, 28 janvier 2013 http://www.isanganiro.org/spip.php?article3577

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire