jeudi 3 janvier 2013

Pourquoi l’ADC-Ikibiri doit s’autodissoudre

Le ministre de l’intérieur Edouard Nduwimana a récemment recommandé aux gouverneurs de province d’empêcher les rassemblements de l’Alliance des Démocrates pour le changement, ADC Ikibiri qui réunit les partis de l’opposition qui ont boycotté les élections de 2010 et qui, selon lui, est illégale. Cette mesure nuit à la liberté d’association et de réunion, qui est garantie par la constitution. La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société, la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes nepeuvent être déterminées que par la loi. Comme l’a rappelé mon ami Pacifique Nininahazwe, ce qui n’est pas interdit est permis. La constitution dit que la coalition des partis est permise dans la période électorale, mais elle ne dit nulle part qu’elle est interdite en période non électorale. Cette mesure vise encore une fois à empêcher les partis d’opposition de faire leur travail politique, ce qui est une marque d’autoritarisme de la part du gouvernement de Bujumbura. Mais cette mesure a le mérite de rappeler la nécessite de la recomposition de l’opposition burundaise. L’ADC Ikibiri a été formée pour contester les élections collinaires de 2010, prétextant qu’elles avaient été truquées, mais sans pouvoir fournir des preuves et sans convaincre, pour enfin décider de boycotter les élections suivantes, législatives, sénatoriales et présidentielles, plus par esprit grégaire que par la raison, au grand dam de leurs électeurs et au grand Bonheur du CNDD-FDD et de l’UPRONA. A défaut d’être illégale, l’ADC Ikibiri est devenu une organisation rétrograde, qui, comme l’a rappelé le leader de la société civile Pacifique Nininahazwe dans une tribune publiée récemment dans les colonnes de Burundi Magazine, « reste en 2010 tandis que Pierre NKURUNZIZA et son parti sont bien avancés sur 2015 ». L’ADC Ikibiri doit s’autodissoudre pour donner naissance a un ou deux partis d’opposition unis autour d’un projet de société solide afin de constituer une force politique crédible capable de concurrencer le CNDD-FDD et son alliée l’UPRONA. Сette fois-ci il ne s’agit plus d’une alliance de petits partis hétéroclites, mais d’une dissolution de ces nombreux partis en un ou deux deux grands partis selon leurs affinités idéologiques ou politiques. L’ADC Ikibiri continue de quémander des négociations avec un pouvoir qui n’est pas du tout intéressé par leurs sollicitudes. Il est temps de changer de stratégie si ces partis veulent vraiment jouer un rôle dans la vie politique du Burundi. La politique est un rapport de force et l’opposition est ce rapport est et restera défavorable à l’opposition si elle ne se restructure pas. Le cas le plus intéressant de l’opposition est celui du FNL D’Agathon Rwasa, deuxième parti qui avait recueilli le plus de voix dans les élections de 2010 avant de se désister. Le FNL est le principal concurrent du CNDD-FDD du fait que ces 2 partis sollicitent le même électorat. Agathon Rwasa a fui, mais ne cesse d’affirmer, à travers son porte-parole Aimé Magera, être toujours prêt à faire la politique pacifiquement à condition que le pouvoir lui restitue son parti. Mais Rwasa sait que le gouvernement du CNDD-FDD ne lui fera aucun cadeau pour rien au monde. Ce qui lui reste à faire est de créer un autre parti et tous ceux qui se reconnaissent en sa politique le rejoindront. Pour que cette perestroïka de l’opposition puisse avoir lieu, il faudra que les leaders politiques en exil aient le courage de retourner dans le pays pour se préparer aux élections de 2015 et contribuer aux changements nécessaires. Le pouvoir se conquiert, la liberté aussi.

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