Jean-Claude Nkundwa |
Par Jean-Claude
Nkundwa, Etudiant en master de Transformation de Conflit, Center for Justice and
Peacebuilding, Eastern Mennonite University (Harrisonburg, Virginia, USA)
“On dirait la malédiction”!
Voici une phrase
qui me pousse à écrie cet article aujourd’hui. Après avoir appris la nouvelle
division du groupe historiquement rebelle contre Bujumbura, beaucoup de réactions
ont couvert le monde des Medias. D’un coté, certains commentaires n’expriment que la confusion. De
l’autre coté, il semble qu’on s’y attendait de temps plus que les burundais
commencent à croire que la violence ne résout pas les problèmes; adoptant la
conviction de Martin Luther King que la violence crée plus de problèmes qu’elle
n’en résout et qu’en visa à éliminer les ennemis on termine par tuer tes amis
ce qui est une évidence dans l’histoire de guerre chez nous et ailleurs. D’une
façon très simple, je vais combiner cette
confusion et cette vérité pacifiste qui me renvoient à l’analyse de
l’escalation de la violence et m’amené à
comprendre ces faits actuels et même prédire ce qui peut arriver demain.
Pour comprendre
mieux, il faut se servir des événements du passé. La guerre qui éclata en 1993
était une manifestation horrible de frustrations, haine, dénigrement et peur
accumulés depuis la décolonisation jusqu’ à la démocratisation. Comme dans
beaucoup des pays dépendant de l’occident, la période de démocratisation était
une opportunité d’acquisition de liberté pour des groupes qui étaient opprimés.
Au Burundi, la grande partie des Hutus et en totalité des Batwa ainsi qu’une partie
des Tutsi étaient complètement privés de leurs droits dans leurs pays. Le président
Ntibantunganya nous a révélé très récemment que quand le président Mittérrand menaçait
de priver des aides aux gouvernements qui refuseraient le pluralisme politique c’était
comme une nouvelle ère. Cela se passait dans les années 1990. Dans son petit livre, Mission possible, le Président Buyoya
semble exprimer entre les lignes un ouf de
libération lors de cette pression occidentale face aux dictatures africaines, car
l’organisation des élections allait lui assurer la sécurité qu’il allait
quitter le pouvoir sans être exilé par force comme c’était le sort que devrait
subir les présidents de l’époque. Entretemps, Un groupe rebelle contre
Bujumbura était déjà en place, l’actuelle FNL raison pour laquelle je l’appelle
historique.
Victimes Tueurs
La crise de 1993
alla jusqu’ à la naissance des groups armés. Les jeunes Hutus et politiciens
qui subissaient des persécutions dans les écoles et universités même dans la
capitale Bujumbura et les autres villes, trouvaient comme alternative la
violence organisée comme réplique contre celle du gouvernement pour s’assurer
que le pouvoir, reste chez son détenteur. Un des clergés Burundais clairvoyant a
vu cela comme un malheur du Burundi car “Ils allaient tuer aussi” disait il.
Dans une période donnée, on comptait une multitude des groupes rebelles qui
combattaient pour un seul but mais incapables de s’unir. La dynamique qui était
dans cette division continue à se révéler aujourd’hui comme quoi ils divergeait
au niveaux des intérêts, ce qui les amenaient même à se sacrifier. A cette étape,
le Burundi n’avait plus de victimes seulement, mais plutôt des victimes assassins
dans tous les cotés. Il faudrait attendre Buta, Itaba, Bugendana et Gatumba
pour ne plus avoir d’arguments crédibles de tous les côtés. Entretemps la Communauté
internationale note, l’histoire guète, et les belligérants pensent à trouver
comment s’en sortir, mais en sont incapables. On s’était déjà embourbé.
Récupération des négociations
par les puissances régionales
Quand les
protagonistes négociaient à Arusha, il se sont retrouvés en train d’ouvrir le
chemin à ceux qui savent tirer profit du Chaos. Les intérêts régionaux et internationaux
téléguidaient les négociations. Alors que le président Yoweri Museveni voulait écarter
complètement Buyoya du trône, il chercha comment promouvoir un groupe des Hutus
modérés. Le rapport de Crisis Group révèle que Museveni dit qu’il ne pardonnera
jamais Buyoya du fait d’avoir accepté le pluralisme politique avant le temps.
Le rapport montre même que la nomination de Mandela comme médiateur était un
acte politique du gouvernement d’Afrique du Sud pour commencer à mettre en
application sa politique étrangère consistant à étendre sa politique libérationniste
sur tout le continent noir. Cela peut expliquer l’origine des divisions des
groups de CNDD et FNL. Tout le monde se rappelle que le groupe CDD-FDD a émergé
avec une nouvelle stratégie et idéologie prônant la libération de tous les peuples
opprimés et s’éloignant de la connotation ethnique. Jusqu'à présent le groupe
semble ne pas être trop dérangé par le respect d’équilibre ethnique.
Négociations précipitées, un
piège pour les élections 2010
L’émergence du
CNDD-FDD, groupe rebelle inclusif a fait que les FNL qui se cramponnaient pour la
libération du peuple hutu perde l’audience régionale, et internationale. C’est
en 2008 qu’ils sont contraints à céder leur position ethnique pour enfin être
accepté. En analysant les négociations
entre CNDD-FDD et FNL je trouve que ces derniers ont échoué. L’usage de
pression régionale a contraint les FNL à signer les accords, ce qui me fait
qualifier ces négociations comme “Frozen negotiations” selon l’analyste Raul
Benitez Manaut. Il était souhaitable que
cette guerre s’arrête, de temps plus que tout ce que FNL combattait pour était
déjà en place, mais en pensant aux besoins réels qui expliquaient cette guerre,
les FNL semblaient ne pas supporter que les CNDD occupent la première place
dans la représentation gouvernementale alors qu’ils ont commencé à combattre très
récemment. Serait –il pour la même raison qu’Agathon Rwasa fut Appelé “Mutama”
par un certain porte parole du président sur la voix des ondes? Peut être oui
peut être non. De toutes les façons, on a remarqué un langage doux lors des négociations
et la veille des élections, comme si on reconnaissait la persévérance et l’ancienneté
de l’historique rebelle. Mais aujourd’hui la persévérance des FNL dans la
guerre n’a plus de fondement convainquant que ca soit au niveau national, régional
ou international.
Les conséquences des
“frozen” négociations
L’échec des élections
de 2010 révèle des besoins réels des politiciens et du FNL en particulier à la
tête des opposants, les intérêts dominant le patriotisme dans tous les groupes
et le pouvoir étant un but ultime
bien que le langage évoque le Messie. Alors que le CDD-FDD s’était démantelé
lui même au cours du premier mandat (ce qu’il continue), les FNL se divisaient
et ils vont continuer. Il en est de même que le parti UPRONA qui n’a pas encore
terminé à s’effondrer, ce qui donna la force à des nouveaux groupes comme MSD
et UPD qui aussi ne sont pas épargnés par cette division. La guerre froide
d’après les élections s’est manifesté comme la guerre d’intérêts ce qui découragea
beaucoup les nouvelles générations constatant que le pays n’a pas de leaders
qui assurent l’avenir.
Les échanges sur
les sites internet, Facebook et Twitter montrent que tout le monde veut faire
quelque chose pour changer, j’ai au moins entendu plus de 10 personnes voulant être
président de la république, et cela est une caractéristique d’une société sans
leadership d’autorité. C’est ici qu’il faut faire plus d’attention selon moi
car dans cette habitude de blâmes et diabolisation de ceux qui ne pensent pas
comme soi, il est facile de se retrouver avec ceux qui ont choisi le dent pour
dent. Le fait de vivre plus de 15 ans dans une guerre fratricide et grandir
dans un climat politique malsain, peut faire croire que sans la violence et changement de régime, il n’ya
pas d’autre solution. Souvenons nous de la déclaration de Obama au Ghana. ”
L’Afrique n’a pas besoins d’hommes forts, l’Afrique a besoin des institutions
fortes.
Le destin nous appartient.
La nouvelle
division des FNL en exile ou dans le maquis, la déchirure des partis
FRODEBU,UPD et les autres qui sont en court, la tension permanente à
l’intérieur CNDD-FDD, l’absence d’identité du parti UPRONA, nous interpelle
qu’il faut l’introspection en tant que peuple avant de nous précipiter dans le
maquis. Nous avons des objectifs et des ambitions, mais il me semble que nous
sommes déjà ivres et ne voyons plus. Le fait que tous les groupes ne sont pas
solides et unis, dit que la capacité de vision commune est devenue très basse à
cause des conflits chroniques qui se trouvent presque dans tous les tissus
sociaux. Le rapport de la CIA annonce que les conflits internes termineront par
un failed
state. Ici j’ignore les prophéties clandestines et publiques annonçant le malheur
du pays car nos comportements sont pires que ce que ces prophéties annoncent.
Le professeur Deo Nsavyimana qui avait prédit que le Burundi serait une
province de la Tanzanie en 2010 n’a pas précisé la date mais sa prédiction
n’est pas à négliger. Il nous faut réfléchir doublement, si non nous perdrons
tous.
Appelle pour les
protagonistes
Malgré les tueries toujours dénoncées par les organisations
internationales et nationales, les FNL sont conseillés à examiner le coup de la
guerre au lieu de trouver cela comme justification de la guerre. Une fois que celle
ci sera vue comme expression de compétition pour le pouvoir contre le CDD-FDD,
le groupe le plus jeunes que FNL, il tombera dans le piège du trafic d’armes,
ce qui enfoncera le pays dans le chaos. Le CDD-FDD ne devrait pas négliger ce
groupe qui se reconstitue, il faudra plutôt user la diplomatie et ramener les FLN
avant que la violence n’explose à grand échelle. Ma crainte est qu’il y a des
industries d’armes qui cherchent toujours des clients et que des Etats occidentaux
se combattent pour être bénéficiaires de
cette clientèle dans tel ou tel pays. Rejetant cet argument comme quoi le
Burundi n’a pas des ressources pour lesquelles combattre, si nous n’apprenons
pas à être très diplomates au moment des conflits, nous seront toujours des proies
des puissances. Suite à cette réalité et à la faiblesse des FNL, leur guerre
durera. Il nous faut examiner nos consciences. Est ce que le maquis est le destin de ceux qui l’ont choisi? Sont-ils faits
pour une guerre perpétuelle? Pas du tout. Un autre chemin est possible.
Pour le CDD-FDD,
Il lui faut être à la hauteur et montrer qu’il est digne d’être dans la place
qu’il occupe pour maintenir la confiance envers le peuple. C’est vraie que des
défis sont devant le groupe politique y inclut la justice transitionnelle et le
tribunal international, mais tout peut se faire d’une façon réparatrice, il
faut seulement ouvrir le dialogue démocratique entre tous les acteurs. Le
Liberia a connu plusieurs crimes de même que nous, mais le leadership ouvert a
fait que le plan de la justice transitionnelle soit constructive que menaçante.
Elle est prête à réparer qu’à infliger la souffrance par des punitions; cela
est possible chez nous, il nous faut avoir un espace qui facilite notre créativité.
Donc, il ya encore moyen d’espérer, rien ne nous pousserait dans une guerre
suicide.
En générale, il
nous faut une réconciliation qui va plus loin que les accords d’Arusha. Ces
accords faisaient en sorte que nous
puissions nous rapprocher, nous parler et nous amener à comprendre nos
différends de la même façon. Voici, nous y sommes. Maintenant le Burundi doit être
gouverné par nous même, en aimant notre peuple, en l’écoutant plus qu’on écoute
la région ou les autres nations, en établissant des principes qui sont au delà
de ce que la région nous inspire. Apres tout, nous reconnaissons que tous les
groupes combattants ne voulaient pas combattre mais les conditions les ont
imposés la guerre et nous tous sommes retrouvés au milieu des armes et des larmes.
Mais où allons-nous maintenant ?
En terminant je
vous invite à craindre l’histoire, à trembler même devant elle et à faire attention
à ses tournants. Comme Mitterrand vous a forcé à adopter le multipartisme, ne soyez pas surpris si demain vous êtes dit que la
sécurité est plus importante que la démocratie par la même personne. Et
quand vous changerez l’argument, la même histoire va se moquer de vous. Traçons
une politique qui est au delà des exclusivités basées sur les groupes ethniques,
apprenons à être humbles, acceptons à céder
nos positions pour le bien général des Burundais. Montrons-nous que
nous sommes un peuple qui sait choisir et qui va vers son destin et son destin
n’est pas le failed state!
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