Thierry Uwamahoro répond aux
commentaires à son précédent billet :
« 1. Faut-il critiquer si on n’a pas de solution à proposer ? Absolument oui. C’est notre droit de critiquer. C’est aussi notre façon de
faire un feedback aux gouvernants. Nous les élisons, les donnons des avantages,
salaires, et pleins pouvoirs pour pouvoir trouver des solutions et répondre à
nos critiques. Si les gouvernants n’ont pas de solutions, qu’ils démissionnent
et laissent la place à ceux qui peuvent trouver des solutions. La critique peut
aussi amener ceux qui peuvent penser aux solutions de constater qu’il existe un
problème tel auquel il faut trouver une solution. La critique (même sans
proposer de solutions) contribue à construire une nation meilleure et juste.
Thierry Uwamahoro |
2. Quid d’un pays souverain où on se plaint aux ambassades occidentales?
Daly écrit : « Je déplore cette manie de régler les questions
burundo-burundaises dans les ambassades et les médias occidentaux... quel pays
souverain fait ça?? » D’emblée j’ai envie de répondre par deux questions : 1)
sommes-nous réellement souverains ? et 2) à qui la faute si le peuple sent que
la meilleure façon de se faire entendre est d’aller vers la communauté
internationale ?
En répondant la deuxième question d’ abord, je trouve que la faute est aux
institutions et aux dirigeants. Le peuple ne sent le désir d’aller vers la
communauté internationale que quand il ne se sent plus sécurisé par les
institutions nationales, que quand il trouve que les institutions nationales ne
sont plus à mesure de faire justice, quand il trouve que les institutions
nationales ne peuvent plus délivrer les services nécessaires pour la survie.
Si les ministres du Frodebu ont demandé la présence de la MIPROBU ou de la
MIOB au Burundi après l’assassinat de Ndadaye, c’était justement parce qu’ils
ne se sentaient plus sécuriser par les institutions burundaises de sécurité de
l’époque. Si Nkurunziza et Rwasa ont débarqué à Bujumbura sous protection
sud-africaine au retour du maquis, c’était justement parce qu’ils ne se
sentaient pas sécurisés par les FAB, la gendarmerie ou la PSP de l’époque.
Ainsi s’explique « cette manie de régler les questions burundo-burundaises dans
les ambassades et les médias occidentaux ».
J’ai suivi avec grand intérêt l’émission Kabizi du 11 juillet qui se
concentrait sur le dossier Manirumva. La plupart des appelants étaient d’accord
sur une chose : la justice burundaise ne pourra jamais dire le droit dans ce
dossier, quand allez-vous approcher la justice internationale ? Je me suis senti
très attristé par cette conclusion qui semble avoir fait l’unanimité. Les
burundais ont perdu confiance dans nos institutions judiciaires (d’ailleurs le
sondage GRADIS a montré que seulement 33% de burundais croient dans la capacité
de nos tribunaux à rendre justice). C’est cette confiance érodée qui explique
le phénomène soulevé par Daly. Je me suis demandé ce que doit sentir un juge
burundais quand il écoute une telle émission.
En outre, ce phénomène est exacerbé par les effets pervers de la dépendance
du Burundi à l’aide étrangère. Si la communauté internationale finance le
budget du gouvernement du Burundi a plus de 50%, le gouvernement du Burundi
sera plus à l’écoute des ambassades occidentaux (ses financiers) plus qu’il
écoute ses payeurs d’impôts (les burundais). Les plus de 50% donnent un levier
énorme a ces « ambassades et médias occidentaux ». Les groupes de pression le
savent. Ici aussi, pour moi, la faute est plus aux gouvernants qu’a quelqu’un
d’autres. Pourquoi doivent-ils attendre la pression étrangère pour écouter son
peuple ? Sommes-nous souverains ? »
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