Libérat Ntibashirakandi |
Ce texte,
extrait d’un long article rédigé en 2010 par Libérat Ntibashirakandi, reste d’actualité.
L’auteur m’a donné l’autorisation de le publier.
1. Une paix
durable au Burundi et une véritable démocratie en paroles et en actes.
Cette paix et cette démocratie recherchées ne seront pas possibles sans
une justice sociale équitable pour Tous, sans sécurité des biens et des
personnes, sans une véritable réconciliation entre burundais, sans
respect des droits de l’homme, etc. Bref, le Burundi doit être un état de droit
dans lequel chaque citoyen jouit de ses libertés civiles et politiques.
La paix pour tous les citoyens burundais et la sécurité de leurs biens ne seront possibles que si le pays
est dirigé par des hommes et des femmes
politiques responsables, soucieux de l‘intérêt
général de tous les burundais plutôt
que de leurs intérêts propres. La paix ne
sera aussi possible au Burundi que si les autorités du pays respectent la loi. Tous les instruments
politiques : la constitution, le code
électoral, la loi communale, la loi sur
les partis, les conventions sous régionales et internationales,
etc. doivent être scrupuleusement respectées
par le Chef de l’état, ses proches collaborateurs,
les membres du gouvernement et mandataires
politiques : parlementaires, sénateurs, gouverneurs,
administrateurs communaux, etc. C’est pareil pour
les Forces de Défense et de Sécurité ainsi que tous
les cadres de l’état et tous les citoyens burundais sans distinction aucune.
2. Une fois la paix retrouvée, tout citoyen aura droit à ses dividendes : le
pain pour tous. C’est une tâche très difficile mais possible. Elle est
difficile car la crise financière qui a frappé l’occident au cours de 2008 secoue
déjà le Burundi. En effet, les pays amis et bailleurs du Burundi (Belgique,
France, Allemagne, USA, Grande Bretagne, les pays nordiques d’Europe, l’Italie,
etc.) sont obligés de réduire l’aide au développement afin de répondre aux
préoccupations de leurs citoyens. La France, l’Italie, les pays nordiques et d’autres
ont déjà réduits cette aide. C’est pourquoi le Burundi doit compter d’abord sur
ses propres forces, réduire sa dépendance extérieure sachant que plus de la
moitié du budget de fonctionnement de l’état vient de l’aide extérieure.
La crise économique qui secoue le monde exige des mesures d’austérité afin
de juguler les conséquences de celle-ci.
Les acteurs politiques devraient s’entendre sur ces mesures d’austérité
pour que les responsables du pays de demain puissent être les premiers à donner
un bon exemple.
Quelques pistes de réflexion :
_ Réduire
le nombre de ministères en regroupant certains : un seul ministère de l’éducation
au lieu de trois, un seul ministère de la santé et de lutte contre les maladies
comme le SIDA, la malaria, le diabète, les hépatites, etc. Pour un pays comme
le Burundi, il y a lieu de réduire les ministères jusqu’à 15, maximum 20.
_ La
suppression de la deuxième Vice présidence et créer plutôt le poste de Premier
Ministre.
_ La
réduction du nombre de députés.
_ Réduire
le nombre de déplacements des mandataires politiques.
_ La
réduction du nombre de provinces à 4 régions administratives (Nord, Centre,
Ouest et Est).
_ Tous
les ministres et mandataires politiques devront voyager en deuxième classe,
sauf le Président de la
République et Vice présidents (Premier Ministre), les Présidents des deux
chambres.
_ Suppression
totale du charroi de l’Etat à l’exception des véhicules protocolaires.
_ Equipements
des bureaux des ministres très modestes
mais présentables.
Certaines mesures nécessitent la révision de la constitution. Si les
acteurs politiques le décident, la constitution pourra être revue sans aucun
problème.
Chaque citoyen burundais n’aura pas le pain s’il n’y a pas une très bonne
politique d’assainissement des finances publiques afin d’augmenter les salaires
des fonctionnaires et ainsi augmenter le pouvoir d’achat des citoyens et relancer
l’activité économique. La lutte contre la corruption et le détournement des
deniers publics permettront de faire des économies et créer des industries. La
priorité serait de relancer le COTEBU et la
VERUNDI, ainsi créer des emplois pour lutter contre le chômage des jeunes
et se positionner comme leader au sein de l’EAC en matière de production du
textile (produits du
COTEBU), des verres et bouteilles (produits de la VERUNDI).
Bien plus, il faudrait relancer une véritable politique agricole :
encadrement des populations en matière de lutte contre l’érosion, la gestion de
l’eau des pluies et la conservation des semences. Les eaux de pluie stockées pendant
la saison des pluies seront utilisées à irriguer les champs pendant la période
de sécheresse.
3. Prospérité et bien être pour tout citoyen burundais.
La prospérité n’est possible que si
on est éduqué correctement. Il faudrait une très bonne politique de la petite
enfance. Par ailleurs, une réforme profonde de la politique de l’éducation
devrait se faire rapidement.
Tous les régimes burundais ont favorisé une éducation élitiste qui n’est
plus adapté aux réalités socioéconomiques du pays. Si une éducation primaire de
base doit être obligatoire pour tous les enfants, l’enseignement supérieur et
universitaire devrait être réservé aux plus doués. Les filières de formation
doivent répondre à une politique de développement durable. A long terme, entre
l’école primaire obligatoire et l’enseignement supérieur, le Burundi devrait
privilégier l’apprentissage des métiers générateurs de revenus. Ainsi le
Burundi aura contribué à la classe moyenne indispensable pour toute stabilité
politique et
économique.
Le bien être est aussi le résultat d’un habitat décent. Au Burundi, l’habitat
dispersé devrait être banni. Il faudrait promouvoir et vulgariser l’habitat
regroupé en expliquant à la population les avantages de ce genre d’habitat.
Les burundais qui ont les moyens se font soigner en Inde, en Europe, en
Afrique du Sud, en Israël, au Kenya, au Rwanda, etc. Aller se faire soigner à l’étranger est devenu un geste tout à
fait normale. Et les pouvoirs qui se sont succédé n’ont rien fait pour
améliorer la qualité des services de soins donnés aux malades dans les hôpitaux
burundais. L’Etat a le devoir entre autre de soigner ses propres citoyens. C’est
pourquoi il est temps me semble-t-il, de construire un hôpital très moderne et
le doter des équipements appropriés. Tous les services spécialisés devraient
être créés et les médecins seront payés à leur juste valeur afin de les
encourager à ne pas aller chercher mieux ailleurs.
4. Le rayonnement du Burundi dans le concert des Nations. Le Burundi devrait être une démocratie, un véritable état de droit, un modèle
de la région en matière de bonne gouvernance et de démocratie. C’est la seule
voie pour redorer son image dans le concert des Nations, d’attirer les
capitaux, les investisseurs et les touristes. Abarundi twategerezwa gukamisha
démocratie !
La démocratie retrouvée, un véritable état droit bien installé, il faudrait
bien préparer une campagne médiatique pour améliorer l’image du Burundi. Mais
cela doit se faire en paroles et en actes :
_ Bien
soigner l’accueil à l’aéroport international de
Bujumbura. La tenue des agents, l’accueil des passagers, etc. est un
élément important pour l’image du pays. Les agents de l’immigration doivent
être formés pour améliorer la qualité de services et d’accueil. Il est honteux
qu’un agent accueille les voyageurs en training par exemple ou demande de l’argent
aux voyageurs.
La propreté et la réhabilitation des infrastructures d’accueil
des voyageurs et touristes doivent être une préoccupation du Burundi.
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Libérat Ntibashirakandi est docteur en Sciences (Mathématiques) et Professeur visiteur à l’Université du Burundi
depuis 2000 dans le cadre du programme de Coopération Universitaire
Institutionnelle entre le Burundi et le Conseil Interuniversitaire de la Communauté
Française de Belgique. Il est le Président de la DBB (Diaspora Burundaise de Belgique).
Contact : ntibashirakandi@yahoo.fr.
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