mercredi 17 juillet 2013

Poème du jour: Liberté

Liberté
Extrait de Sapin d’avril, 2ème édition. Bientôt disponible chez Publibook

Promets-moi !
Puisque il ne va pas cesser de pleuvoir, promets-moi des mots et des saisons nouvelles dans chaque chanson que tu murmures. Puisque la saison des mangues arrive en retard, puisque l’oiseau de nuit ne veut pas se taire pour laisser le coq annoncer la nouvelle ère,  promets-moi de rester debout, juste une saison, le temps qu’il fasse beau encore.
Puisque rien n’est certain : si la pêche sera bonne, si les papillons danseront, si les collines resteront dressées, altières et belles. Si même les oiseaux migrateurs reviendront. Puisque rien n’est sûr qu’avant, promets-moi, non des essaims ni des cascades… juste un rayon d’espoir. Promets-moi de t’accrocher au vent…
Je te promets la fidélité des hirondelles avant la pluie et l’espérance des laboureurs qui remuent la terre pour y déposer route leur richesse. Je te promets des colibris et des moineaux, je ne suis pas magicien pour dompter les rapaces. Et je te promets de jouer les airs des collines et des rivières pour noyer les mauvais souvenirs de l’an qui se meurt en silence.

 Libre
Demain, je cesserai d’être du temps. Et je fais vœu au vent. Vœu de fragilité et de délicatesse : « Je te dois la vie, ô vent. Je te dois la patience, ô brise. Je vous dois le temps qui me reste et les feuilles nomades, qui arrivent des vents en voyage, préparer le réveillon ».
Je te nomme pleine lune pour le marcheur de nuit que j’étais. Je te nomme oiseaux migrateurs pour la saison solitaire que je suis. Je te nomme douceur. Je t’appelle vent du soir pour le bohème que je suis. Et pour la vie et la joie qui m’échappaient et que tu cultivais, infatigable, en moi, je t’appelle désormais passeur de nuit. Demain, je prends la route et je rentre chez l’Eternel chanter les psaumes avec la création.

Thierry

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