Liberté
Extrait de
Sapin d’avril, 2ème édition. Bientôt disponible chez Publibook
Promets-moi !
Puisque il ne va pas cesser de pleuvoir, promets-moi
des mots et des saisons nouvelles dans chaque chanson que tu murmures. Puisque
la saison des mangues arrive en retard, puisque l’oiseau de nuit ne veut pas se
taire pour laisser le coq annoncer la nouvelle ère, promets-moi de rester debout, juste une
saison, le temps qu’il fasse beau encore.
Puisque rien n’est certain : si la pêche sera
bonne, si les papillons danseront, si les collines resteront dressées, altières
et belles. Si même les oiseaux migrateurs reviendront. Puisque rien n’est sûr
qu’avant, promets-moi, non des essaims ni des cascades… juste un rayon
d’espoir. Promets-moi de t’accrocher au vent…
Je te promets la fidélité des hirondelles avant la
pluie et l’espérance des laboureurs qui remuent la terre pour y déposer route
leur richesse. Je te promets des colibris et des moineaux, je ne suis pas
magicien pour dompter les rapaces. Et je te promets de jouer les airs des
collines et des rivières pour noyer les mauvais souvenirs de l’an qui se meurt
en silence.
Libre
Demain, je cesserai d’être du temps. Et je fais vœu au
vent. Vœu de fragilité et de délicatesse : « Je te dois la vie, ô
vent. Je te dois la patience, ô brise. Je vous dois le temps qui me reste et
les feuilles nomades, qui arrivent des vents en voyage, préparer le
réveillon ».
Je te nomme pleine lune pour le marcheur de nuit que
j’étais. Je te nomme oiseaux migrateurs pour la saison solitaire que je suis.
Je te nomme douceur. Je t’appelle vent du soir pour le bohème que je suis. Et
pour la vie et la joie qui m’échappaient et que tu cultivais, infatigable, en
moi, je t’appelle désormais passeur de nuit. Demain, je prends la route et je rentre
chez l’Eternel chanter les psaumes avec la création.
Thierry
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