Thierry Uwamahoro |
par
Thierry Uwamahoro
Dans son discours à la nation à la
veille de la célébration du 51eme anniversaire de l’Independence du Burundi,
Son Excellence Mr le Président Pierre Nkurunziza a regardé droit dans les caméras
de la RTNB pour annoncer aux burundais et amis du Burundi que notre république
a déjà recouvert 43% des aides promises à Genève, soit 1,200 milliards d’euro
(ou l’équivalent de plus de deux mille milliards de Francs Burundais).
Le Président s’est réjoui que le Burundi ait recouvert cette somme en moins de sept mois, alors que l’aide était supposée être échelonnée sur un période de 4 ans, une grande réussite pour le Burundi. Si le taux de recouvrement des aides avancé par Mr le Président est correct, de simples calculs nous amènent à conclure que dans les sept derniers mois, si ces aides étaient proportionnellement partagées entre ménages burundaises, chaque ménage aurait déjà reçu une somme estimée à 1,2 million de Francs burundais. Mr le Président, qui a mangé notre argent ?
Le Président s’est réjoui que le Burundi ait recouvert cette somme en moins de sept mois, alors que l’aide était supposée être échelonnée sur un période de 4 ans, une grande réussite pour le Burundi. Si le taux de recouvrement des aides avancé par Mr le Président est correct, de simples calculs nous amènent à conclure que dans les sept derniers mois, si ces aides étaient proportionnellement partagées entre ménages burundaises, chaque ménage aurait déjà reçu une somme estimée à 1,2 million de Francs burundais. Mr le Président, qui a mangé notre argent ?
Mr le Président, si le Burundi a
déjà recouvert tant de milliards en sept mois, pourquoi alors étouffer ton
peuple (et surtout 71% des enfants de moins de 5 ans qui souffrent de la
malnutrition dans certaines provinces) avec des taxes sur le manioc, la farine
de manioc, les grains de maïs et la farine qui en dérive, la farine panifiable,
les poissons fumés (Indagala et Umukeke), les arachides, les haricots, les
pommes de terre, le riz, les oignons et l’huile de palme ? Pourquoi avez-vous
annulé la mesure de détaxation de ces produits d’alimentation de base ?
Mr le Président, à moins que l’arithmétique ne soit ta bête noire, comment expliquer cet acharnement contre un peuple affamé pour ne récupérer que 5 millions d’euro en taxes alors que vous avez pu recouvrir 1,200 milliards ? Si cette question est posée en termes de défaillance en arithmétique, c’est parce que l’alternative serait de supposer que vous n’aimez pas votre peuple.
Mr le Président, à moins que l’arithmétique ne soit ta bête noire, comment expliquer cet acharnement contre un peuple affamé pour ne récupérer que 5 millions d’euro en taxes alors que vous avez pu recouvrir 1,200 milliards ? Si cette question est posée en termes de défaillance en arithmétique, c’est parce que l’alternative serait de supposer que vous n’aimez pas votre peuple.
Mr le Président, avec 1,200
milliards d’euro pourquoi n’arrivez-vous pas à régler ces grèves répétitives
des enseignants et infirmiers qui ne
réclament qu’être décemment payés ?
Pourquoi passez-vous par des intimidations ? Et d’ailleurs, des
intimidations qui montrent combien vous êtes mal conseillé.
Certaines gens disent que vous avez
de mauvais conseillers parce qu’ils vous laissent transformer les fêtes
nationales hautement symboliques en journée nationale de décoration de la tribu
restreinte Nkurunziza. Réellement, votre plus mauvais conseiller est la personne
qui a glissé cette phrase dans ton discours du dimanche 30 juin : «Nous
ne tolérerons plus ceux qui feront des grèves illégales. Du moment que ceux qui
veulent du travail sont nombreux, Nous prendrons des mesures pour les remplacer
sur le champ. » Mr le Président, rappeller aux burundais que 8 ans après
votre règne ils sont nombreux à rester démunis et sans emplois, et le dire avec
un ton qui sent fierté et arrogance de votre part, ne relève que de la cécité
politique. Dans d’autres pays, les révolutions commencent justement parce que
« ceux qui veulent du travail [et ne le trouvent pas] sont nombreux ».
(Là c’est une parenthèse, revenons à notre argent).
Mr le Président, espérons que ce
n’est pas pour des raisons propagandistes ou électoralistes que vous avez affirmé,
tenant le peuple Burundais témoin, que 43% des promesses de Genève ont été recouverts.
Entre vous et votre ministre des finances -- qui affirme que votre gouvernement
vit une crise car rien n’a été débloqué (raisons pour laquelle vous nous taxer
à nous suffoquer) -- il y a un qui ne
nous dit pas la vérité. Espérons que c’est votre ministre qui ne dit pas la
vérité car il serait indigne de vous, Mr Président Pasteur, de transgresser le
8eme commandement le dimanche. Et si
c’est le ministre qui a tort, il faudra nous dire où est passé notre
argent. Dans l’espérance que vous ne nous parlez pas de ces promesses qui n’engagent
que ceux qui les reçoivent.
*Manger l’argent est une traduction littérale de « kurya
amahera » qui signifie dépenser de l’argent, des fois d’autrui.
Ce Monsieur (économiste de formation) est décevant. Il montre les tares de beaucoup d'africains au grand jour. Ils ne vivent que le court terme. L'argent de Genève va servir à faire un travail structurel par rapport à notre économie. Ce n'est pas parce que vous avez reçu 1.2 Milliards USD que vous pouvez faire n'importe quoi. Il y a un cahier de charge. Chaque centime sert à une chose.
RépondreSupprimerAprès des audits vont suivre pour savoir si le Burundi a utilisé l'argent correctement (c'est a dire comme cela était prévue avec les partenaires).
M. Thierry il serait mieux que vous disiez ouvertement que vous regrettez l'époque de la Dictature.
Le Burundi a des indicateurs économiques plus positifs que négatifs aujourd'hui. Le pays sait d'où il vient. DAM