jeudi 18 juillet 2013

« La critique contribue à construire une nation meilleure et juste ».

Thierry Uwamahoro répond aux commentaires à son précédent billet :

« 1. Faut-il critiquer si on n’a pas de solution à proposer ? Absolument oui. C’est notre droit de critiquer. C’est aussi notre façon de faire un feedback aux gouvernants. Nous les élisons, les donnons des avantages, salaires, et pleins pouvoirs pour pouvoir trouver des solutions et répondre à nos critiques. Si les gouvernants n’ont pas de solutions, qu’ils démissionnent et laissent la place à ceux qui peuvent trouver des solutions. La critique peut aussi amener ceux qui peuvent penser aux solutions de constater qu’il existe un problème tel auquel il faut trouver une solution. La critique (même sans proposer de solutions) contribue à construire une nation meilleure et juste.
Thierry Uwamahoro

2. Quid d’un pays souverain où on se plaint aux ambassades occidentales? Daly écrit : « Je déplore cette manie de régler les questions burundo-burundaises dans les ambassades et les médias occidentaux... quel pays souverain fait ça?? » D’emblée j’ai envie de répondre par deux questions : 1) sommes-nous réellement souverains ? et 2) à qui la faute si le peuple sent que la meilleure façon de se faire entendre est d’aller vers la communauté internationale ?

En répondant la deuxième question d’ abord, je trouve que la faute est aux institutions et aux dirigeants. Le peuple ne sent le désir d’aller vers la communauté internationale que quand il ne se sent plus sécurisé par les institutions nationales, que quand il trouve que les institutions nationales ne sont plus à mesure de faire justice, quand il trouve que les institutions nationales ne peuvent plus délivrer les services nécessaires pour la survie.

Si les ministres du Frodebu ont demandé la présence de la MIPROBU ou de la MIOB au Burundi après l’assassinat de Ndadaye, c’était justement parce qu’ils ne se sentaient plus sécuriser par les institutions burundaises de sécurité de l’époque. Si Nkurunziza et Rwasa ont débarqué à Bujumbura sous protection sud-africaine au retour du maquis, c’était justement parce qu’ils ne se sentaient pas sécurisés par les FAB, la gendarmerie ou la PSP de l’époque. Ainsi s’explique « cette manie de régler les questions burundo-burundaises dans les ambassades et les médias occidentaux ».

J’ai suivi avec grand intérêt l’émission Kabizi du 11 juillet qui se concentrait sur le dossier Manirumva. La plupart des appelants étaient d’accord sur une chose : la justice burundaise ne pourra jamais dire le droit dans ce dossier, quand allez-vous approcher la justice internationale ? Je me suis senti très attristé par cette conclusion qui semble avoir fait l’unanimité. Les burundais ont perdu confiance dans nos institutions judiciaires (d’ailleurs le sondage GRADIS a montré que seulement 33% de burundais croient dans la capacité de nos tribunaux à rendre justice). C’est cette confiance érodée qui explique le phénomène soulevé par Daly. Je me suis demandé ce que doit sentir un juge burundais quand il écoute une telle émission.


En outre, ce phénomène est exacerbé par les effets pervers de la dépendance du Burundi à l’aide étrangère. Si la communauté internationale finance le budget du gouvernement du Burundi a plus de 50%, le gouvernement du Burundi sera plus à l’écoute des ambassades occidentaux (ses financiers) plus qu’il écoute ses payeurs d’impôts (les burundais). Les plus de 50% donnent un levier énorme a ces « ambassades et médias occidentaux ». Les groupes de pression le savent. Ici aussi, pour moi, la faute est plus aux gouvernants qu’a quelqu’un d’autres. Pourquoi doivent-ils attendre la pression étrangère pour écouter son peuple ? Sommes-nous souverains ? »

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